dimanche 26 décembre 2010

Il était des vacances ...

Ce 23 décembre, j'ai enfin stoppé ma relation fusionnelle avec mon cellulaire. Terminé la suppléance: c'est les vacances !
Un dix jours pour décrocher et se laisser aller aux ripailles de fin d'année.

Oui, mais non.

L'apprentie déménage. Du moins, elle essaie. À l'aube de son quart de siècle, elle aimerait ça habiter dans un logement avec deux pièces séparées.
Et quel est le critère numéro 1 quand on cherche un logement ? La distance avec son lieu de travail, assurément.
 
Le lieu de travail d'un professeur suppléant ... c't'encore drôle ...
 
Voilà comment, un 26 décembre, je suis prise avec ma carte de la métropole et ses petites croix représentant les écoles. Avant de tomber dans les lettres, j'étais une fille de sciences et c'est ainsi que je mise sur la statistique pour orienter mon choix.
Dans quel secteur la probabilité de suppléances nombreuses et variées est-elle la meilleure ?


Bien sûr, j'ai toujours cette école où j'ai plaisir à aller, mais ce n'est malheureusement pas elle qui me paie mon loyer.  
Une seconde me fait pas mal travailler. Tâchons de ne pas trop s'en éloigner ...
"Tiens, cet endroit là me donne la possibilité d'officier dans les commissions scolaires 1, 2 et 3. Histoire de pouvoir comparer. Oh! Cet appartement là est super. Oui, mais faudrait que je fasse 3 journées de suppléance par semaine pour boucler mon budget...J'aimerais ça, hein, mais certaines semaines on en est loin..."

Y a vraiment des enseignants qui mènent cette vie là une fois diplômés ?

Heureusement que je l'aime, ce métier.
Parce que parfois, le changement de carrière ne tient qu'à un clic

lundi 20 décembre 2010

Sans préavis

6h30- Le réveil sonne. À trois jours des vacances, il n'est plus question de réunion ou formation pour les professeur. Ce ne sont donc plus des suppléances prévues qui m'attendent, je suis sur appel.

6h40- Je n'arrive pas à sortir du lit. J'ai passé la fin de semaine à être malade comme un chien. J'adore mon "travail", mais là non, je n'ai pas la force, je reste bien au chaud sous la couette.

7h30 - "J'ai bien fait, finalement on ne m'a pas appelée, me dis-je"

8h00 - Driiiiiiiiing driiiiiiiiiiiiing.
- "Oui, l'apprentie. Excuse-moi de t'appeler à cette heure, mais là on a vraiment besoin de toi. Tu peux venir ??
-Ben, c'est à dire que là je suis dans mon lit, que la cloche sonne dans 15mn et et j'ai 30mn de métro avant d'arriver. Faites le calcul. Y aura pas d'apprentie qui tienne avant 45mn.
-C'est beau, on t'attend!"

Voilà comment on se retrouve devant une classe de 5ème année en plein milieu d'une période, sans planification ni matériel ni information aucune.
Je crois que ça va me manquer tout ça si un jour je décroche un contrat. Avec la suppléance, je me suis découvert une capacité d'adaptation, d'improvisation et une grande dose de sang froid que je ne soupçonnais pas. 

Après la récréation, j'ai retrouvé mes jeunes assis à leurs bureaux, les bras croisés, avec beaucoup de détermination dans le regard.
"On veut plus travailler"
Devant mon air interrogateur, une élève s'approche de moi et me glisse à l'oreille:
"J'peux appeler ma mère? Nan parce que tu nous demandes de faire des maths alors qu'à l'école des français*, ils sont en vacance. C'est pas normal. En plus, ils ont encore des vacances et février ET en avril. Alors nous, on a décidé de plus rien faire aujourd'hui".

Ah, c'qu'ils me font rire mes p'tits des beaux quartiers.


*(un petit indice: ça commence pas Sta et termine par islas)

vendredi 17 décembre 2010

Fidélité


"Ratus est un rat.
Marou est un chat."

Presque 20 ans après, je me souviens encore des premières phrases de cette méthode de lecture que l'on m'a donnée en première année.

Presque 20 ans après, ma filleule d'outre-atlantique découvre le plaisir des mots avec ce même personnage.

Presque 20 ans après, je me replonge fréquemment dans ce livre que j'ai ramené dans mes valises.

Presque 20 ans après, je me vois proposer à mes futurs élèves cette méthode qui a su faire ses preuves (à condition de l'utiliser à bon escient).

Pour sûr, si un jour je m'en retourne au pays, ce sera pour Ratus !

Ainsi se termine ma 3ème session universitaire

Je ne pensais pas que rendre mon dernier travail de session serait aussi libérateur.

Ça y est l'apprentie-étudiante est en congé, oh yeah!

Les cours, les devoirs, les lectures, l'ennuie. Tout ça c'est TERMINÉ.
Enfin, pour les 15 prochains jours ...

Comment faire un résumé et une conclusion de ces trois derniers mois ? Si je n'avais pas la suppléance à côté, mes capacités à bien faire mon futur métier n'aurait pas vraiment évoluées...


En janvier, sonnera l'heure de ma 4ème session universitaire. Au programme, seulement trois cours, dont le "laboratoire d'enseignement". Je pense que je vais avoir plein de belles choses bien drôles à vous raconter sur celui là ...
Et en mai, ce sera le stage de seconde année. En territoire anglophone siouplait (n'ayant qu'une connaissance très limitée -pour ne pas dire quasi inexistante- de la langue de Shakespeare, ça promet!)

jeudi 16 décembre 2010

Carnet de doléances

Petit aperçu de ma classe du jour:

14 élèves de 4ème année. Aucun trouble du comportement ou d'apprentissage.
Pourquoi un si petit groupe ? Il y avait juste trop d'élèves dans cette école pour 2 classes de 4ème année, on en a donc ouvert une de plus.
En entrant dans la salle de classe, je m'attendais à quelque chose de très particulier. Imaginez donc toutes les possibilités quand on a la chance d'avoir un effectif si réduit.
Finalement non, ces élèves sont de parfaits petits soldats qui savent quoi faire à la minute près. De 8h10 à 9h grammaire, de 9h à 9h10 collation, de 9h10 à 9h40 vocabulaire ect.

D'après ce qu'ils m'ont dit, c'est la même chose tous les jours.


J'aurais aimé ça y passer au moins la journée dans cette classe. La prochaine fois, j'aimerais qu'on me prévienne que finalement ma journée de suppléance n'est en fait qu'une petite demi-journée parce que ce n'est qu'un remplacement de prof' en réunion.Prof' qui, de ce fait, était dans sa salle quand je suis arrivée.

De toutes mes journées de suppléance, je n'ai jamais été aussi mal accueillie.
"Ah bah te voilà, 20mn que je t'attends (ah, on avait rendez-vous ??). "Tu sais faire les multiplications au moins ?" (euh, non, par contre je sais compter jusque 8). "Bon, on va faire avec ça. De toute façon les suppléants, on sait ce que ça donne".

Wouaaaaaach. Nous, les pseudo-profs d'un jour, n'avons déjà pas de réelle reconnaissance auprès des hautes instances. Alors si en plus les titulaires s'y mettent ...

mercredi 15 décembre 2010

Achalandage

Aujourd'hui, l'école devait tourner avec un bon 40% de suppléants. 
L'apprentie, étudiante en enseignement du français langue seconde, est appelée à suppléer en classe de maternelle régulière.
En seconde période, j'envoie mes jeunes en cours de musique.
Cours donné par une étudiante en adaptation scolaire qui remplace la professeure de musique, qui remplace le directeur adjoint.

Et moi qui trouvait le fait de ne pas faire de la suppléance dans notre champ d'étude un peu limite ...

En passant, demain j'offre de l'ibuprofène à la secrétaire.
En cette période, je compatis, même si je me frotte les mains d'avoir autant de travail ...

mardi 14 décembre 2010

Une question de chromosome

L'apprentie: "Oui, je t'écoute monsieur"
Élève: "Euuh, je suis une fille !"

Pauvre p'tite ...

lundi 13 décembre 2010

Neuf cent treize jours

Quatre apprentissages tirés de ma suppléance du jour:

1) Je me sens bien plus à l'aise au 3ème cycle du primaire. Pas que je n'aime pas les deux autres cycles, juste que j'ai plus de facilités en gestion de classe avec les 5ème;6ème années qu'avec les plus jeunes.

2) Je dois vraiment revoir mes connaissances en mathématiques. La période de l'après-midi fut bien laborieuse quand on m'a demandé d'expliquer des problèmes que je ne comprenais pas moi-même.

3) Je déteste les récréations qui se passent en classe. Pour ma vessie, d'abord, et pour mes élèves, ensuite. Ils ont plein d'énergie et n'ont pas la possibilité d'aller la dépenser. Frustrant pour eux, et pour moi.
Dans ma classe, ça ne me gène pas que ça parle et rigole un peu fort durant les 15 mn de pause.
J'veux dire, ils ont été irréprochables durant les périodes d'enseignement alors j'ai bien envie de les laisser vivre un peu. La porte fermée, ça ne gène personne.
Sauf que.
Vendredi, j'étais de sortie avec mes 1ère année. Une jolie pièce de théâtre sur les contes de noël, agrémentés de chansons du temps des fêtes.
Croyez-le ou non mais tout le long, les enseignantes ont lancé des "chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut" parce que les enfants chantaient les chansons en même temps que les acteurs.
Si cette pièce était ouverte au public, j'aurais compris l'exigence d'un silence de plomb par respect pour les autres spectateurs, mais là, c'était un spectacle monté par des élèves du secondaire donné dans une école primaire pour des élèves de primaire.
J'avais envie de dire: mais laissez-les vivre un peu à la fin !

4) Aujourd'hui, j'ai eu de très très bons moments avec les élèves. Peu à peu, je prends mes marques, mes habitudes et une certaine nécessité d'agir avec mes propres convictions.
Ce qui n'est vraiment pas facile à appliquer quand vous ne faites que des remplacements pour la journée. Ce statut me frustre de plus en plus: vous êtes un peu plus que surveillant (au primaire, on s'entend), mais pas encore vraiment enseignant.
Parfois, on vous demande d'amener de la nouvelle matière, sauf que vous arrivez le matin dans une classe (ou même une école) que vous ne connaissez pas, qui a une routine que vous ne connaissez pas, avec des élèves que vous ne connaissez pas et une matière à enseigner que vous connaissez parfois peu.
Avec un peu de chance, on vous aura appelé la veille, et vous aurez eu l'occasion d'arriver tôt sur le lieu du crime. Vous aurez donc un peu de temps pour vous familiariser avec l'école, l'horaire, la routine (entrée, absences, collation, récré, allergies?, tâches des élèves ect.)  et enfin le programme du jour.
L'avantage, c'est que très vite nait en vous une formidable capacité d'adaptation.

Bref, je commence à avoir sérieusement envie d'avoir ma classe, même si j'ai l'impression que, tout le long de ma carrière, ma façon de faire et de voir les choses sera jugée, critiquée et que tout un tas d'autres problèmes et responsabilités viendront avec.

Mais chaque chose en son temps, j'ai encore au minimum 2 ans et demi de bac avant d'être une vraie ...

En attendant, pour le reste de la semaine ce sera 4ème année x2, maternelle 5 et 3 écoles différentes siouplait !

samedi 11 décembre 2010

Contre-culture

Je me revois trépigner d'impatience à la veille de ma quatrième rentrée scolaire. J'allais entrer en "cours élémentaire 1", alias la 2ème année du primaire.
L'événement se situait surtout au niveau de notre nouveau matériel d'écriture: nous étions maintenant tenus d'écrire au stylo-plume.
Mon meilleur ami en ce temps là était mon carré de papier buvard rose, indispensable pour ne pas laisser de tâches d'encre. Nous étions installés sur des vieux pupitres du temps de mes parents, qui avaient encore le trou pour y insérer l'encrier.
Pour nous, il était déjà devenu inutile puisque la cartouche d'encre avait fait son apparition. Plus tard, j'allais délaisser l'encre noire ou bleue pour la mauve ou turquoise. Les mœurs évoluaient, l'écriture aussi.
En 4ème année, mon professeur a eu l'idée de nous faire découvrir les plumes d'antan et de nous initier à l'encrier. Exercice difficile, mais nous avions aimé découvrir les gestes qu'avaient pu faire nos ainés.  


Lundi dernier, un première année m'a dit "Hey l'apprentie, c'est pas comme ça qu'on fait les "C".
Arf' bah oui, pourtant j'le sais. Mais que voulez-vous, parfois les vieux réflexes reviennent.

Secrètement, je nourris le souhait d'offrir à mes futurs élèves une de ces plumes qui, je l'espère, pourrait leur donner autant de plaisir à écrire que j'en ai eu. Parce que je les aime, mes pleins et mes déliés. La calligraphie est un art qu'il faut s'efforcer de garder.

Sauf que j'ai changé de pays et que je dois maintenant apprendre tout un nouveau code. Depuis que je fais de la suppléance, je m'efforce de faire mes majuscules en lettres capitales.
Ça me fend le cœur, je l'avoue ...


Par contre, j'ai eu beaucoup de plaisir à apprendre qu'ici, les majuscules prennent bien un accent. De l'autre côté de l'atlantique, on les a délaissés sous le prétexte de la "modernité".

vendredi 10 décembre 2010

Sortie théatrale

[Prof' X]: C'est bon, t'as le compte ?
[L'apprentie]: Ben j'en ai bien 19. Après, savoir si ce sont bien les miens, ça, c'est autre chose !


Mes troupes n'ont subi aucune perte, mais c'était pas mal stressant d'emmener ces 1ère années en sortie. Chers établissements, ne prévenez surtout pas vos suppléants que la matinée ne s'effectuera pas dans vos locaux.
C'est tellement plus drôle de laisser l'interphone le faire 5mn avant de partir ...

Mon téléphone a bien failli exploser ce matin et, c'est une première, un centre d'éducation aux adultes voulait mes services. Signe que les congés approchent, que les profs' s'essoufflent et que nous, suppléants, on est sur le coup.

Et oh! j'ai passé ma commande pour noël et mon plus beau cadeau serait une journée de suppléance en classe d'accueil.
J'y ai cru tantôt, quand madame la secrétaire m'a dit "mercredi, tu seras en accueil
... euh ... maternelle".

[Déception]

Non parce qu'à un moment donné, j'aimerais ça voir à quoi je suis en train de me former.

mardi 7 décembre 2010

Fin de stage

Une dernière poignée de main, un dernier "salut". C'est ainsi que se termine mon stage I.

Stage étonnant, puis décadent et enfin décevant. Mais tout de même instructif.

"Vient déposer ton Cv pour des remplacements.". Je ne sais pas si j'ai vraiment envie d'y retourner. L'enseignement aux adultes,qui, à mes débuts dans le baccalauréat, était mon choix numéro un est maintenant loin derrière.
J'aime cette énergie que l'on retrouve au primaire et au secondaire, et qu'on ne trouve pas chez les adultes.
J'y retournerai peut être en fin de carrière, quand j'aurais fait le tour et que l'envie de voir autre chose toquera à ma porte. C'est une atmosphère de travail plutôt tranquille, les adultes. Trop pour moi.

Mon évaluation n'est pas trop mauvaise. Je semble manifester les qualités requises. En à peine 5 jours, ma référente m'a vue peut être 10h en tout. Alors la pertinence de l'évaluation, laissez-moi rire ! M'enfin, c'est la règle.

Après le stage, direction l'université pour le séminaire. J'attendais sagement dans le couloir quand j'ai entendu un bonjour m'étant destiné. C'est "monsieur "gestion de classe".
"L'examen final va être exceptionnel."
Définitivement, je l'aime ce professeur. Il a toujours un mot pour ses étudiants, une anecdote à raconter ou au moins un bonjour à vous lancer. Ces gens là se font rare à l'université, il va beaucoup me manquer.
L'avoir en tant que superviseur de stage serait une grande chance. Sait-on jamais ...

Ce soir, j'ai aussi dit au revoir à mon superviseur de stage actuel. Encore un monsieur passionné qui croit beaucoup en l'éducation. Durant les 3 séminaires de stage, il a su mener des discussions très intéressantes et nous pousser à la réflexion.
On a eu droit à un moment très touchant, quand il nous racontait avoir réussi quelques petits "miracles" durant sa carrière. Après avoir entendu tous les témoignages de mes camarades stagiaires, il y avait de quoi désespérer: des enseignants qui laissent tomber, qui ne respectent pas les étudiants ou qui vont à l'école comme ils partiraient à l'usine, il y a l'air d'y en avoir un bon paquet. Mais voir couler une larme sur la joue de ce monsieur quand il nous parlait d'une de ses victoires au secondaire nous a redonné espoir en notre futur métier.
C'est beau l'enseignement, tout de même.

C'est sur cette jolie note qu'une première page de l'apprentie stagiaire se tourne.
Prochain épisode en mai, pour le stage II ...

lundi 6 décembre 2010

Les beaux quartiers

Ce lundi 6 décembre signe officiellement ma première mauvaise journée de suppléance.
Une de ces journées qui vous feraient presque douter de vos choix, de vos envies, et qui met à rude épreuve votre motivation.

Si cette école ne m'avait pas appelée, je n'aurais pas insisté pour être mise sur leur liste de suppléants. Je ne me sens pas à l'aise dans les milieux favorisés, comme pas à ma place. Sorte de complexe d'infériorité parce que je viens du milieu ouvrier ? Allez savoir.
Quoi qu'il en soit,cette journée m'amène encore plus à me dire que je ne veux pas travailler là.

Je suis déjà allée dans cette école pour un petit 75mn de dépannage. Ça s'était aussi mal passé et je n'avais vraiment pas aimé cette expérience.
Des petits indisciplinés, très arrogants, face à qui je ne savais absolument pas quoi faire.
Vous savez, quand vous avez l'impression de lancer des paroles dans le vide, de ne servir qu'à faire la police. Police qu'on ne respecte pas, bien sûr.

Aujourd'hui, le schéma a été le même face à ces 1ère année.
Des élèves au niveau très avancé. Le fait est que la plupart font déjà tout à la maison et arrivent en classe avec leurs cahiers d'activités déjà remplis.
Par exemple, nous avons fait la calligraphie de la lettre F. Beaucoup en sont déjà à Z ...
Ce fût d'ailleurs la seule période de calme et d'attention. Mais ils aiment ça, la calligraphie.
Les parents ont une écriture soignée,et je n'ai trouvé aucune faute dans les mots que j'ai reçus aujourd'hui.


Ces petits de 6 ou 7 ans remettaient tout en cause. "C'est pas ça, c'est pas comme ça" et faisaient bien savoir quand "non, on n'a pas envie d'le faire".
Un certain prof' blogueur encore inconnu parlait de fuir ces "immatures". Aujourd'hui, j'en ai bien eu envie.

Comment j'ai réussi à -presque- vernir à bout de la planification de l'enseignante ? Ça doit relever du miracle.
Comment on a pu me proposer de nouveau une suppléance là pour la fin de semaine ? Ça doit relever du manque de suppléants qui veulent travailler là.

Parce que oui, j'étais mauvaise. Cette journée n'avait vraiment pas d'allure.
J'ai eu l'impression de retrouver une ambiance que j'étais heureuse de quitter en traversant l'atlantique.

Ah oui, parce que je ne vous ai pas dit. 60% de ces petits ont le même accent que le mien
S'il n'y avait pas tempête de neige dehors, j'aurais presque cru à une bonne blague et qu'on m'avait ramenée en hexagone !

dimanche 5 décembre 2010

La déferlante

La nouvelle s'est rependue comme une trainée de poudre dans la classe. Il y a eu des cris, des pleurs, certains ne s'en remettront jamais.
La polémique fait rage, les avis diffèrent.  On n'ose parler de ce sujet brulant qu'à voix basse.
 J'ai nommé.. l'examen de gestion de classe.


Comment vous dire ...

Bien que j'ai émis une petite réserve quant à l'image peut être un peu trop "idyllique" qu'il projette parfois, j'ai énormément appris de ce cours. Et j'ai grand respect, et beaucoup d'admiration, pour ce professeur.

D'après moi, ce monsieur a tout compris de l'enseignement universitaire. Sa vocation est de nous mener d'un point A, de totale méconnaissance sur le sujet, à un point B, d'acquisition d'une certaine connaissance sur le sujet et, surtout, d'une ouverture d'esprit accompagnée d'une envie de bien faire et d'en apprendre plus.
Contrairement à beaucoup de nos professeurs, celui-ci a un lien direct avec la réalité puisqu'il enseignait il n'y a pas si longtemps. Ses anecdotes sont des valeurs sûres et de grandes sources d'inspiration pour nous, futurs enseignants. 
Vous savez, à partir du moment où j'ai pensé à ses dires durant une journée de suppléance, je pense que ce professeur a rempli son rôle. Oui, ce cours m'a aidé. Il m'a du moins donné davantage d'outils pour gérer au mieux un groupe d'élèves et, plus important encore, l'envie de prendre chaque échec comme une occasion de m'améliorer.
Ce professeur a certainement fait naître des vocations durant sa carrière. Parce que voir cette étincelle dans les yeux, même après 25 ans de métier, ne peut donner que l'envie de suivre ce chemin.

Son système d'évaluation m'a paru une suite naturelle des choses, comme une application de ses propos et de ses convictions. Il nous demande de construire 5 fiches d'intervention pour notre travail de session. Celui-ci compte pour 50% de la note.
Un travail à faire tranquillement à la maison, en poussant un peu plus loin la réflexion.
Cette partie n'est pas remis en cause, c'est l'examen en classe qui fait débat.

La couleur était pourtant annoncée depuis le début : ce sera une évaluation formative, et non normative.
Je pourrais dire que les termes étaient peut être un peu trop "savants" pour mes petits camarades, mais ce serait déplacé de ma part ...
Bref, le fait que tous les documents du cours soient autorisés durant l'examen aurait au moins dû leur mettre la puce à l'oreille.

Cette semaine, le professeur est allé encore plus loin: c'est nous qui avons construit l'examen. Dix équipes ont été formées et ont eu à faire une question d'examen. Le but étant de la remettre, accompagnée de la réponse, au professeur à la fin du cours.
Ce sont ces questions que nous retrouverons jeudi dans l'évaluation. Nous aurons à en choisir 4 et à y répondre (sachant que nous avons le droit de prendre celle que nous avons conçue), aidés de nos documents.
Vous voyez l'idée ?
Il va s'en dire que moi, l'apprentie, je peux demander à mon amie l'apprentie 2 la question de son équipe, qui demandera à l'apprentie 3 la leur. Et ainsi de suite. Tout ceci nous permettant d'arriver jeudi avec nos réponses déjà toutes faites pour l'examen.


Pensez-vous que notre professeur, accumulant 25 ans de carrière au secondaire ainsi que 7 à enseigner ce cours, ne s'y attend pas ?

C'est ainsi qu'au dernier cours, j'ai assisté ébahie à un défilé d'étudiantes au bureau de notre professeur.
"Mais monsieur, on a le droit de s'échanger nos questions ?"
"Monsieur, je pense que vous devriez dire à la classe que c'est interdit"
"Monsieur, y a des filles qui s'échangent les réponses !!"

On a crié au plagiat, au manque de respect ou d'amour propre.


En tous cas, l'apprentie arrivera moins stressée à l'examen ce jeudi. Et je me sentirai d'autant plus privilégiée d'avoir croisé ce professeur qui a su nous donner une belle valeur: certaines connaissances ne sont pas fixes et ne s'évaluent pas.
L'examen ne signe pas une fin, mais un début ...

vendredi 3 décembre 2010

Journée pédagog'hic'' !

Mon côté suppléant a en horreur ces journées nous menant à un chômage certain.

La bonne nouvelle, c'est que ça va me laisser le temps de penser à un plan afin d'infiltrer la commission scolaire numéro 2.
Parce qu'écoper d'un refus sous prétexte qu'il me manque 12 crédits universitaires est une chose.
Mais entendre une camarade de promo se vanter de ne pas avoir eu ce problème parce que sa mère est directrice d'école, ça c'est quelque peu frustrant.


Qui a dit que les hommes naissent tous libres et égaux déjà ? Je suis certaine que cette personne aimerait connaître ma façon de penser à ce moment même.

mercredi 1 décembre 2010

Quelques films, pour les soirées d'hiver

Celui là, on ne le présente plus. L'histoire de ce film, elle, est peut être un peu moins connue.
Beaucoup pensent que ce n'est qu'une pure fiction. Par là j'entends une histoire sortie tout droit de la tête d'un scénariste et porté par des acteurs. Et bien détrompez-vous.
Ce film est en fait adapté du livre du même nom, écrit par nul autre que monsieur Bégaudeau, professeur de français jouant son propre rôle dans le film. Cette œuvre, il l'a écrite dans le but de partager son quotidien d'enseignant dans un collège d'une zone "sensible" de Paris. Précisons aussi que les jeunes de la classe ne sont pas non plus des acteurs. Ils étudient réellement dans cet établissement.
Voilà un constat bien alarmant: des élèves irrespectueux, je-m'en-foutistes et des profs' dépassés, plus motivés et parfois très mauvais. Telle est l'image que l'on envoie d'un pays en mal d'éducation.
Heureusement, tout n'est pas si noir et ce film est certes une réalité, mais en aucun cas une généralité. J'y reviendrai dans un autre billet.
Depuis le succès de son livre, son auteur n'enseigne plus. Il se consacre maintenant à sa passion: l'écriture.


Bon, alors là on a toute autre chose. Contrairement à "Entre les murs", ce film est une pure fiction. Il présente une professeure de français (décidément ils ont la côté !) qui trouve un pistolet dans le sac d'un de ses élèves. Prise de panique, elle essaie de le lui confisquer et le coup part. Un jeune est blessé.
L'ambiance de ce film est très lourde et la tension palpable. On voit une enseignante à bout de souffle qui, dans un geste de désespoir, prend ses élèves en otage. 
J'ai beaucoup aimé la trame du film. J'avoue avoir été accrochée d'un bout à l'autre, même si certaines scènes me faisaient sauter au plafond. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir ce film par vous même. 


Alors lui, c'est mon coup de coeur, mon chouchou. Cette fois-ci, nous ne sommes plus dans la fiction, mais dans le documentaire. Nous passons une année dans une petite école nichée dans la montagne. École très particulière, puisqu'il n'y a qu'une classe et qu'un seul enseignant. De la maternelle à la 6ème année. 
Un film tendre, simple, qui met merveilleusement bien en valeur ce professeur et ses jeunes élèves.
On ne dénonce rien, on ne juge pas, on se contente de partager un quotidien avec beaucoup de poésie et de respect . Et ça, ça fait du bien !







ENFIN! 
Enfin un film documentaire québécois.Qui plus est sur une classe de première année en métropole. On y présente madame Lise et ses élèves, tous d'origines différentes, qui vont passer toute une année scolaire ensemble. 
Comment faire tourner tout ce petit monde dans le respect des uns et des autres ? 
J'ai été un peu déçue par l'aspect "technique" du documentaire.J'ai parfois l'impression d'avoir affaire à un film amateur, tant au niveau de la tenue de la caméra que du montage. 
Mais le contenu est bien là, et c'est le principal. 
Si vous connaissez d'autres oeuvres de ce genre, je suis preneur !

Bon matin !

Petite parenthèse matinale pour enlever toute cette frustration avant de partir en cours: je hais le travail d'équipe universitaire.

Je m'explique.

Ce matin, nous présentons notre version finale d'un travail en intégration des nouvelles technologies. Jusque là, pas de problème puisqu'à la mi-session, nous avions déjà présenté notre première version et les commentaires du professeur furent bon.
Concernant ma partie, il a beaucoup aimé comment j'ai amené le sujet de notre activité: ne pas le dévoiler dès la première page, mais d'abord expliquer notre cheminement pour y arriver.

J'ai proposé à mes deux collègues de se rencontrer pour gommer les petites imperfections et terminer la partie à ajouter. Elles ont répondu à l'affirmative "mais ce sera en journée, et en semaine".
Oui mais, très chères, je travaille en semaine. Excusez-moi d'avoir à cumuler deux emplois pour me permettre d'être en cours avec vous. Bref.

On me rétorque alors "de toute façon, le travail est terminé, on a fait le plus gros". Bon, ok, faisons ça chacune de notre côté et on verra.

Ce matin, surprise dans ma boite courriel: un nouveau diaporama pour la présentation de ce matin, envoyé à 23h et des poussières hier soir.
Ma partie a été totalement changée, et l'once d'originalité que j'avais pu y mettre effacé.
Je me retrouve avec le titre de notre activité en gros sur la première page (là je dis bravo !), des couleurs moches, 3 diapos en moins pour un total de 3 diapos, titre compris !
Si ça ne plaisait pas, j'aurais préféré qu'on me le dise.



Je hais le travail d'équipe, quand les personnes sont dépourvu de cet esprit.


Bon allez hop. Je file en cours écouter 4 exposés ennuyeux et terminer par le nôtre, tout aussi plate à mourir. 

"Je vous en prie, vous pouvez quitter la salle, je ne vous en voudrai pas ..."

mardi 30 novembre 2010

Mots (maux?) d'ado

"Hey, tu reviens de l'école là ? T'es en secondaire IV non ? J'habite pas loin, juste là, et toi ? Bon, la prochaine fois que j'te vois, je t'invite.
 Et sinon, t'as un facebook ?"
 [Jeune homme de Secondaire 4, tout au plus]
 
C'est assez drôle de voir à quel point les gens ont du mal à me donner un âge. 20 ans ? 25 ans ? 28 ans ? Parfois même 30.

Là j'avoue que secondaire 4, c'est une première !

Je jubile à l'idée de me retrouver peut être un jour à faire de la suppléance dans la classe de ce jeune là
Ce serait drôle, non ?

lundi 29 novembre 2010

"I have a dream"

Aujourd'hui, c'était collecte de données dans une école de la commission scolaire du bout du monde.
Ma foi, j'aime pas mal ça puisque ça me fait sortir de la grande métropole.

Le déroulement est simple:
Participants: classes de 4ème, 5ème et 6ème année.
Lieu: local informatique
Principe: prendre en charge la classe pour faire passer un questionnaire par ordinateurs aux élèves (moitié de classe) et occuper l'autre moitié. L'enseignant est ainsi libéré et peut tranquillement répondre à l'étude. 

En général, ces élèves du bout du monde sont quelque peu -hum- disons dissipés ...

Ce matin, je vais donc chercher la première classe, des 5ème années. Je me présente, leur demande de prendre de quoi s'occuper et les convie à prendre leur rang.
Toutes mes consignes sont exécutées à la perfection et je passe une période exquise. Vous savez, pas celle où les élèves se tiennent tranquilles et un minimum attentifs pour éviter les conséquences d'une mauvaise conduite non, celle où vous avez l'impression que l'on vous écoute vraiment et qu'il y a un véritable échange.

"C'est sans doute l'effet d'un bon professeur à la tête d'un bon groupe", me dis-je.

Et bien figurez vous que les périodes suivantes se sont déroulées de la même façon. Le sentiment de sérénité est permanent dans cette école. Pas un bruit dans les corridors, des élèves calmes et souriants. Pour s'occuper, ils ont pris d'eux même de la lecture et ... des exercices de mathématiques ou de grammaire!

À un moment, une petite me demande pour sortir (mon côté suppléant me crie que c'est sûrement un "j'dois aller faire pipi", prétexte bien connu pour aller faire un p'tit tour dans les corridors)
Et bien non, elle voulait retourner dans sa classe pour ... aller chercher son Bescherelle !

Je suspecte donc le directeur de déverser du ritalin dans le système d'aération.
Nan parce que l'on dépeint l'éducation d'une façon parfois si noire que les élèves calmes et studieux, on aime nous faire penser que ce n'est qu'une utopie, et que de toute façon c'est dépassé.

Nan parce qu'en plus, ils étaient agréables et autonomes, ces jeunes là.

Incroyable, non ? ;-)

vendredi 26 novembre 2010

Tadam!

La vie est parfois bien faite: j'ai finalement eu ma suppléance !

Le verglas ayant eu raison de la commission scolaire du bout du monde, mon travail pour le projet de recherche a été annulé.

À 7h du matin, je laissais alors un message à l'école X, qui m'avait appelée la veille, pour leur signaler ma -totale disponibilité allez rappelez-moi siouplait-

Et .. bingo ! On m'a demandé d'arriver sur place dès que possible. J'ai ainsi pu découvrir les joies d'une classe de 2ème année un vendredi par temps de neige. Et la rumeur disait vrai, je suis exténuée.
Mais je suis vraiment heureuse, je voulais tellement voir de quoi avait l'air cette école. Par soucis d'un minimum d'anonymat (ahem), je ne vais pas en dévoiler trop sur cet établissement . Je peux juste vous dire que c'est une de ces écoles publiques à vocation particulière offrant une alternative au privé. 

Difficile de juger en quelques heures, j'ai donc laissé de nouveau mon nom à la secrétaire pour d'autres journées. Je suis maintenant officiellement sur leur liste de suppléant qui, croyez-moi, est très très longue.
J'ai d'ailleurs croisé un autre collègue qui venait déposer son C.v.
Quand je vous disais que les temps sont durs et la concurrence féroce ...

J'ai plein de beaux billets à vous partager, mais pour le moment c'est la fin de semaine qui commence.
Allez, cette fois l'apprentie va tenter de totalement déconnecter du monde enseignant et relâcher un peu avant une grosse semaine qui s'en vient. Comme un gentil monsieur me l'a fait remarquer, je pense, parle, vie un peu trop enseignant en ce moment. Alors hop, mon défi pour les deux jours à venir et de décrocher, pour de vrai.
Va t-elle y arriver ?

Bonne fin de semaine.

jeudi 25 novembre 2010

La suppléance, ce monde cruel

"Bonjour, ici l'école X. J'ai un remplacement pour vous demain toute la journée".

Tous les conjoints ou colocs' doivent connaitre ce grand cri de frustration que pousse le professeur suppléant quand le téléphone, d'habitude si silencieux, sonne pour lui offrir du travail qu'il ne pourra pas accepter pour diverses raisons.
Ce soir, j'ai décidé d'épargner quelques oreilles et d'user quelques yeux.

D'une école à l'autre, je commence à comprendre comment fonctionne la suppléance et comment décrocher de plus en plus de journées. La concurrence a l'air féroce en ce moment, et quand dans mon cours de ce soir on me parle de "pénurie entrainant des offres de postes à l'année à des étudiants de 4ème année", j'ai envie de lancer un: "Han ouais ?"

Pénurie ceci, papy boom cela, c'est assez drôle de voir à quel point l'idée d'une entrée facile sur le marché du travail germe dans la tête de mes camarades. Ils s'imaginent déjà en poste à plein temps à la sortie des quatre ans. Avec le manque d'enseignants, ils se voient déjà crouler sous la demande ...

"Ah, et puis y a même pas besoin du TECFÉE pour la suppléance. Il manque tellement de monde qu'ils prennent n'importe qui. Tu y vas le matin même, l'après midi tu es devant une classe".

Ah bah oui, c'est avec ce genre de discours que l'image de la profession va s'améliorer, c'est certain.

Et bien non, chers lecteurs, ne devient pas suppléant qui le veut. Depuis cette année (d'après une secrétaire d'école qui a dû revoir sa banque de suppléants suite à la demande de la commission scolaire), l'entrée dans ce beau monde est plus difficile. Il ne suffit plus d'être titulaire d'un bac en sciences pour les enseigner, non.
Dans ma commission scolaire, on m'a demandé le TECFÉE, mon C.v et un minimum de crédits universitaires pour du remplacement occasionnel. Mon dossier étant jugé recevable, il a fallu aller se présenter aux directions d'écoles avec C.v en main, parce qu'eux aussi font leur propre sélection.
C'est ainsi qu'avec un peu de chance, et beaucoup de "non" de la part des autres suppléants, votre nom arrive en tête de liste. Souvent, si on vous appelle et que vous n'êtes pas disponible, il redescend illico.

C'est ainsi que ce soir, j'ai perdu une chance d'intégrer la banque des suppléants testés et approuvés d'une école que je convoitais. Parce que demain, j'ai déjà dit oui pour de la recherche dans une école du bout du monde (comprendre la lointaine banlieue ... *Ahem*).
Ainsi, un autre suppléant prend ma place et, s'il convient, sera dans la "hot list" des gens à appeler en premier.

Mon école préférée compte me garder, mais en ce moment leurs besoins ont une fâcheuse tendance à coïncider avec mes périodes de non disponibilité.
Je ne compte plus sur les appels de ma commission scolaire actuelle pour travailler. En 3 mois, j'ai eu une seule fois un répartiteur au téléphone. J'ai dû dire non, je n'ai plus jamais eu d'appel.

De là, j'en reviens à mon idée d'aller voir du côté de la CS2.
Oui, mais madame commission scolaire est très précise dans ses attentes et m'a tout simplement refusée. Pas assez de crédits universitaires, qu'il parait. Mon expérience n'y fera rien, "revenez avec 12 crédits de plus, et vous pourrez embarquer".

J'vois pas vraiment ce que 12 crédits vont changer à ma vie, mais c'est la règle.

Y a des jours où j'me dis que j'aurais dû rester dans le doux monde des étudiants totalement naïfs et ne pas avoir l'ambition de vouloir vivre au plus tôt de ce que j'aime faire. Parce que non, chers étudiants, on ne vient pas me supplier d'aller remplacer. Chaque journée de suppléance cache des heures d'envoi de C.v, relances et de nombreux réveils matinaux pour ... rien. Un bon lot de stress aussi, puisqu'à chaque fois que vous vous engouffrez dans le métro, vous avez cette appréhension du "je suis certaine qu'on va m'appeler durant mes 20mn de trajet sous terre, et je vais ainsi passer à côté d'une journée de travail". Et BAM!, pas manqué. En vous rendant à la bibliothèque, vous venez de dire au revoir à votre seule occasion de la semaine.


Bienvenue dans la réalité mes amis !

mercredi 24 novembre 2010

Vie privé, fonds publics

Ce n'est pas un secret, je suis foncièrement pour l'école publique. J'y suis allée, j'y travaille et mes enfants la fréquenteront. J'ai une entière confiance, et beaucoup d'espoir, en cette institution et en ceux qui la font tourner (excluant les HAUTES instances. Mais n'entrons pas dans la polémique).


Il y a quelques semaines, une offre d'emploi est apparue sur le web. Un collège privé cherchait à refaire sa banque de suppléants. Je postule.
On me demande de me présenter à l'école. J'entre dans le bureau de la directrice, qui inscrit mon nom sur sa liste 3 minutes plus tard. "Quand on vous appellera pour la première fois,  ramenez votre NAS". Et le tour était joué (pas ben ben difficiles dans leurs recrutements eux ...)
On m'appelle une fois, puis deux. Je dis non: le devoir m'appelle ailleurs. Puis hier, bingo! Je n'ai rien de prévu cet après-midi, j'veux bien embarquer. Bah oui, il ne faut pas mourir bête et il faut bien que j'aille voir à quoi ça ressemble en vrai, le privé.

Le collège X est donc un établissement privé, agrée par le MELS à des fins de subventions. Monsieur et madame toulemonde devront débourser pas moins de 3000$ par an pour y voir évoluer leur progéniture.

À ce tarif là, j'ai prévu du travail personnel histoire de me trouver de quoi faire quand mes merveilleux et studieux secondaires III d'une période, tous habillés pareil, travailleront calmement leur devoir de sciences.

Oui, l'apprentie est encore très naïve ...

J'arrive donc sur le lieu du crime. On m'accueille plutôt bien, même bien mieux que partout ailleurs. Je n'ai pas ce sentiment d'être la suppléante qui doit se faire toute petite dans un coin. Est-ce moi qui prend de l'assurance ou ces collègues d'un jour qui sont plus sympas que d'autres ?
En tous cas, on m'intègre illico dans la salle des profs'.
Je passe devant le bureau de la conseillère pédagogique et me présente.  "Tu es la nouvelle suppléante ? Oh attends tiens, prends ce chocolat. Tu le mériteras après la période, crois-moi !".
Oups, là je crois que je commence à sentir le piège se refermer sur moi ...


Effectivement, je commence à me douter de la suite des évènements en entrant dans la salle de classe. Que dis-je ? Du placard qui fait office de salle prète à accueillir les ... 33 élèves.
Oui oui, 33. Trente trois secondaires trois (était-ce pour la rime ?).

Mon premier "à priori" sur l'école privé tombe: non, les effectifs ne sont pas réduits.
Dans le même temps, le second part aux oubliettes aussi: non, les locaux ne sont pas forcément mieux non plus. 

La cloche sonne, j'attends les étudiants sur le pas de la porte avec comme seule arme mon sourire et des "bonjour".


Les 10 premières minutes ont été très sportives: pas moyen d'avoir le calme, ça discutait, ça rigolait. On m'a observée, disséquée, questionnée.
"Madame, c'est la première fois que vous v'nez ici hein?"
"Madame, d'habitude on a le droit de..."
"Psssttt psssttt Amed, j'suis sûre qu'elle est française"
"Psssttt j'te dis qu'elle est pas prof' de sciences".

Mais moi aussi, j'observais et je disséquais, calmement et sans dire un mot. ... Ce que j'aime au secondaire, ce sont ces étudiants plein d'énergie qui vont vous pousser dans vos retranchements alors qu'au fond, ils ne demandent qu'à avoir devant eux un professeur qui garde le contrôle.

Je ne vais pas vous raconter l'après-midi entière, mais pour vous donner une petite idée de la suite, le chocolat est toujours dans mon sac. Je n'y ai pas touché.

J'aimerais ça y retourner. Creuser un peu plus pour chercher où passent ces 3000$ par année, et la partie subventionnée...

dimanche 21 novembre 2010

Le fond du problème

La vie nous envoie parfois des signes. Le tout récent commentaire reçu alors que je suis depuis ce matin en pleine réflexion sur "changer ou ne pas changer de bac" en est-il un ? Je ne sais pas, mais en tous cas, j'me dis qu'il n'y a pas de hasard.

Arguments en faveur du bac primaire:


- parce que je m'y vois sérieusement enseigner. Je ne m'attendais pas à trouver l'apprentissage de la lecture et de l'écriture si passionnant. Je ne m'attendais pas non plus à découvrir le plaisir de transmettre les bases en mathématiques, sciences, univers social et l'importance de léguer un bagage solide à ces petits avant leur entrée au secondaire. J'étais la première à dire que je ne voulais pas aller au primaire par peur de devoir "materner". Je suis maintenant prête à monter au front dès qu'il s'agit de casser cette image. Non le primaire n'est pas fait pour les jeunes filles écervelées en plein boom d'instinct maternel.
- cours qui paraissent plus intéressants sur le papier
- diplôme disons "international". On trouve des écoles primaires partout et on y apprend souvent la même chose d'un pays à l'autre. Si un jour l'envie me prend de retrouver mes origines, ce sera -peut être- davantage reconnu. Rencontrer des gens tristes de ne pas voir grandir neveux et nièces et d'avoir à priver leur progéniture d'une partie de la famille fait toujours réfléchir à la possibilité de ...
- cours se donnant souvent le soir, laissant une plus grande place à la suppléance
- possibilité de partir en région plus facilement ? Parce que ça me tente.


Arguments en faveur du bac FLS:


- diplôme en juin 2013, alors qu'il faudrait presque tout recommencer si je change.
- le "petit plus" Mc Gill
- l'occasion de changer de "public". On peut enseigner au primaire, secondaire et aux adultes, de nouveaux défis à chaque fois..
- l'enrichissement personnel face aux différentes cultures  

- Résidence permanente dans deux ans, ça change la vie jusque là très galère d'un immigrant. La règle est la suivante: en tant qu'étudiants étrangers, nous avons le droit de demander ce Saint Graal nous offrant la vie de "monsieur et madame tout le monde" à six mois de l'obtention du diplôme. Les délais annoncés pour la recevoir sont d'un an. Or, les commissions scolaires n'embauchent pas de personnes sous le statut "temporaire" pour autre chose que de la suppléance occasionnelle. Si vous faites le calcul, ça veut donc tout simplement dire que je ne pourrai pas enseigner tout de suite après avoir gradué. Je vais aussi sans doute regarder, très frustrée, mes camarades de promo décrocher des remplacements en 3ème ou 4ème année.
Autant dire que ce statut, j'ai bien envie de le quitter au plus vite.

- l'apparente possibilité d'aller chercher un certificat pour m'orienter vers le primaire, si j'en ai toujours l'envie, après mon diplôme.



Ce matin, la raison a un peu plus de valeur qu'à l'habitude. J'ai devant moi les deux cheminements des bacs et je barre, surligne, entoure les cours. Je vois quelles sont les possibilités, combien de temps ça va me prendre, si celui-ci est intéressant, si celui là le semble moins. "Oh tiens, encore un cours basé sur du "par coeur".
J'ai déjà eu un échec à cause de ça, je n'en veux pas un deuxième.

Le fait est que j'ai un peu peur de rester en bac FLS. D'une part parce que je repousse les cours qui me font peur, du type "littérature" que j'ai méchamment planté, alors que j'aime les livres et les mots. Sauf que réciter par coeur des dates et des courants, je ne sais pas faire. Et c'est clairement ce que l'on nous demande durant les examens: réécrire "tel quel" ce que l'on nous a gentiment dit durant 12x3h de cours.
Ça c'est pour mon côté "étudiante pas ben ben sûre d'elle".
Et puis, l'enseignement en classe d'accueil est encore un gros inconnu pour moi et j'ai peur de ne pas être à la hauteur.
Ça c'est pour mon côté "future professionnelle pas ben ben sûre d'elle non plus".
Je ne m'explique pas pourquoi je me sens capable d'enseigner un théorème mathématiques ou la notion de mots et de syllabes à des petits réguliers, mais incapable de savoir quoi faire devant une classe d'allophones.
Quand je suis en cours de gestion de classe ou d'intégration des TIC, apparaissent systématiquement dans mon esprit des applications pour ma future classe de primaire régulier.
À aucune moment je ne me mets naturellement dans la peau d'une professeure de langue seconde.

Est-ce vraiment parce que ma place est au régulier ? Ou est-ce parce que je ne peux pas me mettre dans la peau de quelque chose que je ne connais pas ?

Je n'en sais fichtrement rien.

En tous cas, je viens de me rendre compte que je n'ai même pas cherché à aller voir ce qu'est une classe d'accueil au primaire. Sophie, votre commentaire me pousse à faire en sorte de remédier très vite à la situation. Et je vous en remercie.

samedi 20 novembre 2010

Gestion de classe 101

Monsieur masqué, vous m'avez demandé en quoi consiste notre cours de "gestion de classe". Ce cours vaut, pour moi, plus qu'un simple commentaire. J'en ferai donc un article.

Gestion de classe en FLS, cours de ce début de seconde année.
Premier cours auquel je vois des applications directes. Second où je prends réellement plaisir à aller.

Il se divise comme suit:

- Une première partie où l'on nous présente des sortes de "trucs et astuces" et une marche à suivre: comment instaurer sa routine, faire partir un travail d'équipe ou encore donner une leçon de grammaire.
Tout ceci reste très en surface, mais le professeur sait faire la différence grâce à ses anecdotes personnelles. Et puis, il aime son métier ce monsieur, et ça parait !


- Une seconde partie sous forme de "plénière", animée par un des étudiants de la cohorte. Nous traitons d'une question (ex: organisation des tables de travail) individuellement, puis en groupe.

Cette semaine, nous avons fait des "mises en situation". 3 étudiants ont été choisis pour jouer le rôle de l'enseignant. Les autres étaient les élèves.
Nous avons beaucoup ri, et certains se sont découvert des talents d'acteur. Mais a-t-on appris ? Je ne sais pas.
Le problème, voyez-vous, c'est qu'à force de nous faire dire que "dans la réalité, ce n'est pas comme ça", on s'y perd. Selon notre professeur, une routine bien instaurée = la tranquillité toute l'année. Je pense que c'est un peu nous donner de la poudre de perlimpinpin. Parce que dès que l'on pose une question du type "Oui mais si un élève fait ...", on nous répond systématiquement "Si vous instaurez une bonne gestion de classe dès le début de l'année, ça n'arrivera pas".
Han ouais ?

On nous a diffusé un film français, à savoir "Entre les murs", en cours. Pour ceux qui ne l'on pas vu, il traite de la situation difficile des écoles en "ZEP", zone d'éducation prioritaire. On y voit des élèves très irrespectueux, et une situation vraiment tendue et difficile.
Conclusion de notre prof': "En X années de métier, je n'ai jamais vu ou entendu de cas semblables. N'oubliez pas que c'est un film.
Dans ma courte expérience au secondaire, je me suis faite insulter, j'ai esquivé un coup de poing et j'ai dû aller au secours d'une professeure d'anglais en pleurs après que ses élèves aient décidé de faire de la porte d'entrée une cible pour leurs paires de ciseaux.
Dernièrement, on a brulé la voiture d'un de mes anciens collègue et un jeune a sauté du second étage.
Et je ne travaillais pas dans un établissement classé ZEP...

Vos jeunes sont-ils si dociles au Québec ? J'ai un peu de mal à y croire après mettre fait dire par un petit, pas plus haut que 3 pommes, que "c'est pas moi qui décide". S'il n'est pas cadré, il devrait être pas mal au secondaire celui là ...

Voilà le plus gros reproche que je peux faire à ce cours. Un peu trop "tout va bien aller, vous allez voir, suffit d'assurer au début et ça va rouler". Pis en FLE, les élèves sont pas ben ben compliqués ...
J'aurais aimé savoir comment je dois - et surtout ne dois pas - réagir quand un jour un jeune va me tenir tête. Mais je sais maintenant que ce n'est, encore une fois, pas l'université qui va me l'apprendre.

Oh, et puis, j'ai au moins la chance de mettre en pratique les petits conseils de notre professeur quasi de suite. Mais pour les étudiants ne se sentant "pas prêts" à suppléer, il leur faudra attendre le stage deux pour côtoyer des élèves.

En mai 2011 ...

vendredi 19 novembre 2010

Démotivation 101

Lundi.

L'apprentie se lève tôt. Elle pense aller au monitorat d'un cours de Syntaxe à 11h30 mais ne perd pas l'espoir d'un enseignant souffrant du lundi matin.

8h30, le téléphone est resté silencieux. Je sors donc cahiers et crayons: c'est dans la peau de l'étudiante que je serai aujourd'hui.

Mais la vie d'étudiante, j'la trouve bien ennuyeuse.
Prenons donc ce cours de syntaxe : matière difficile, à première vue, mais pas insurmontable. Je trouve même ça intéressant, bien que je ne vois pas d'application réelle pour le moment. Disons que ça nous permet de comprendre quelques points précis de grammaire et pourquoi certaines phrases complexes sont grammaticales et pas d'autres.
Juste de la culture personnelle, et une occasion d'avoir un peu de fierté quand, après avoir beaucoup travaillé sur un devoir corsé, on arrive à décrocher une bonne note. Et ce goût de bien faire et d'apprendre, c'est un des sentiments à transmettre aux élèves. Ce cours aura au moins eu le mérite de l'imager (et de me faire sentir un peu moins bête dans une conversation de linguistes).
Mais mon reproche est le suivant: pourquoi sommes-nous si "assistés" ?
J'veux dire.
On a déjà un cours de 3h sur la matière par semaine. La professeure envoie régulièrement des exercices et leurs corrigés. Tout est mis sur internet: notes de cours, TP, ... Nous avons un livre sur lequel le cours et basé que nous pouvons consulter. Et .. on nous offre, en plus, des monitorats 4 fois semaine. Autant dire que parfois, mon goût de l'effort naissant se transforme en goût de juste attendre que les réponses me viennent tout cuit dans l'bec.


Mercredi

Nous avons un cours "d'intégration des TIC". Chouette, moi qui travaille dans ce domaine, ce cours va être du bonbon. ERREUR.
Je ne sais même pas par où commencer tant ce cours n'est qu'une grosse mascarade. Je vais me contenter de vous donner le dernier travail de session en date: poster 2 billets par semaine sur un forum de discutions. Pour vous la faire courte, il suffit d'aller chercher 2 articles traitant des TIC sur internet par semaine et en faire un copier-coller. Voilà comment aller chercher 15% de la note finale.
Ça vous donne le goût de l'effort ça ? Moi non.
Vu le taux de participation active au cours et la polémique naissant autour de cette matière, ça ne le donne pas non plus à beaucoup de mes camarades.


Jeudi

Matin: didactique des arts plastiques. Passer une session à faire du collage, dessin, découpage et gribouillages, ce n'est pas ce que j'appelle un cours très "stressant". Si je m'en tenais au cours, je ne saurais toujours pas qui est Monet ou si Picasso n'est que le modèle d'une voiture européenne.
Goût de l'effort ? 0

Soir: une de mes rares amies de classe me dit: "J'm'ennuie". Et bah dans l'mille, moi aussi !
Pour autant, je n'ai pas une moyenne de A. Pourquoi ? Sans doute parce que je n'y mets pas non plus du mien.
Un exemple ? Un cours de la session dernière, cours auquel je n'ai jamais assisté. Le professeur nous envoyait ses notes par courriel et nous avions le droit de les emporter à l'examen. Allez en cours pour entendre ce que je peux lire tranquillement chez moi ? Non merci.

Résultat ? Dans toute la session j'ai dû passer 10h sur la matière -examen compris- et j'ai terminé avec un B.
Le goût de l'effort ? Non, là je ne l'avais vraiment pas et je n'ai aucune honte à dire que mon B j'en suis bien contente. Les $ qui sont entrés sur mon compte en banque parce que j'ai pu augmenter mes heures de travail grâce à cette session "tranquille", j'en étais encore plus heureuse.

Autre raison qui fait que je ne décroche que rarement des A: je suis toujours à côté de la plaque dans mes travaux de session. J'ai toujours plus de facilités dans des cours de maths ou de de linguistique parce que ces choses là sont universelles. 1+1 fera toujours 2 alors qu'une réflexion sur la gestion de classe non, les manières d'aborder le sujet sont multiples. Et je n'arrive pas à me mettre dans le rang.
Encore là, j'ai une petite anecdote pour vous.
Je rends un travail de session comptant pour 50% de la note. Autant dire qu'il ne faut pas se rater, d'autant plus que l'autre 50% je l'ai foiré. Disons que j'y ai mis le plus d'effort et de temps possible vu que cette fois, il le fallait. Fin de session, je vois sur mon bulletin que j'ai passé le cours de justesse, avec un C-.
Quelques temps plus tard, je récupère ma copie. Résultat: B+
Gros problème au niveau des citations, je n'utilise pas la manière conventionnelle et mon usage est "très déficient". Pourtant, un B+ m'est attribué.
En y regardant de plus près, j'aperçois sous mon B+ des traces de crayon à la mine. Je regarde mieux et aperçois un "C".

Pourquoi avoir gonflé autant ma note ? Pour me faire passer le cours ? Parce que les profs' se doivent d'obtenir des résultats ?

Je suis heureuse que ce système ait joué en ma faveur, parce que je ne pense pas que refaire ce cours ne m'aurait pas rendue meilleure enseignante. Mais c'est quand même frustrant et démotivant de savoir qu'on nous surévalue comme ça.

Vendredi

Congé aujourd'hui.
Profitons-en pour travailler ses cours.
Que me reste t-il à faire en cette fin de session ?

- Rapport de stage. Je ne suis qu'au jour 2, mais je sais déjà ce que je vais mettre dedans. Le fait est que ces 5 jours d'observation ne vont pas vraiment jouer dans mon choix de rester ou non dans ce domaine. Mon année dans une école secondaire, ma session d'enseignante de français aux adultes et mes journées de suppléance ont de quoi alimenter 10 rapports de stage s'il le faut. Allez, une heure ou deux et ce sera fait.

- Travail de session en gestion de classe. Enfin quelque chose de consistant. Bien que, encore une fois, ça ne va être que répéter ce qu'on a déjà vu et entendu, en citant un ou deux passages de livre.On aura eu 3 mois pour écrire une petite quinzaine de pages. Insurmontable vous croyez ?

Alors quand j'entends mes camarades de promo lancer des "j'en peux plus", "vivement la fin de session", "j'ai plus d'vie sociale", je ris doucement.
Cinq ou six cours c'est pas sorcier quand la moitié ne sont que des formalités.

dimanche 14 novembre 2010

La lecture du dimanche

Mon rendez-vous hebdomadaire avec la bibliothèque nationale. Édifice que je chéris depuis mon arrivée dans la grande métropole.

Voilà quelques jours, je demandais à une classe de 4ème année de répondre à un questionnaire pour les besoins de la recherche.
Très vite, je remarque deux jeunes qui ricanent. Je tente une approche et me mets à leur niveau en espérant que ça suffise. Apparemment non.
Je remarque alors qu'un des deux est totalement à la traine et semble rester bloqué devant son questionnaire. Je lui demande si tout se passe bien, ce à quoi il me répond: "je ne comprends pas la question".
Je lui demande alors de me la lire.

"Quand ton -pro-prof-profe-professeur te ... ...p p po-se .. une quesssss - tion"

Effectivement, il ne pouvait pas comprendre ce qu'on lui demande tant toute sa concentration passait à déchiffrer les mots.

J'ai donc posé la question à son enseignante: cet élève a t-il un problème d'apprentissage ? Ce à quoi elle me répond non, pas l'air plus alarmée que ça, "juste" du retard.

Du retard ...
Ce pauvre garçon va encore en accumuler pas mal si personne ne fait rien.
Là où, à son âge, je voyais le passé composé, il en est encore à buter sur des mots simples.
Après un petit tour d'horizon, j'ai bien vite remarqué que ce n'était pas le seul de la classe à ne pas du tout maîtriser la lecture.
J'me suis donc posé la question: où est la faille dans le système ?
Je n'ai pas encore vu de classe de 4ème année hormis celle-ci. Pour le moment, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils étudient à ce niveau mais j'ai été vraiment déconcertée de voir tant de retard.

C'est sur cette petite expérience que j'ai basé mes recherches pour mes lectures dominicales.
Dans les résultats, beaucoup de livres français. Hors propos sur bien des points, donc.


Un livre a toutefois retenu mon attention: "La fabrique du crétin" de Jean-Paul Brighelli



Un livre très "provoc'" qui devrait en faire grimacer plus d'un. L'auteur n'y va pas du dos de la cuillère et dénonce le nivellement par le bas et la dégringolade du niveau des élèves d'année en année. Le meurtre annoncé de l'école, enterrée par tout un système défaillant, le gouvernement en première ligne. Le terme "crétin" ne désignant nul autre que le chef d'état...
Même si ça ne concerne pas directement ce côté-ci de l'atlantique, il est à lire au moins une fois.

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De là, je me suis dit "et si c'était ça, si ici aussi ce n'était pas comme ça, avant ?"
Le livre de Normand Baillargeon, au titre évocateur, me donnera peut être la réponse: "Contre la réforme. La dérive idéologique du système d'éducation québécois".



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J'ai aussi emprunté un livre qui me faisait de l'oeil depuis longtemps: "Journal de bord d'une institutrice clandestine" de Rachel Boutonnet.



Elle raconte son année à l'IUFM, l'institut de formation des maîtres, l'usine à profs française.  
Si vous souhaitez vous rassurer quant à la formation des futurs enseignants et vous dire "Il y a pire ailleurs", ce livre est fait pour vous ! 

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Mon dernier choix s'est porté sur un petit livre à la couverture attirante (ne me demandez pas pourquoi): "Enseigner au primaire" de Bruce Potts




J'aime le format, qui se glisse partout, et le contenu très orienté "pratique". Un livre pour les apprentis ou les jeunes enseignants qui donne des conseils relevant souvent du "bon sens", mais qui sont toujours bons à entendre.

Problème mathématique

 J'habite sur le territoire de deux commissions scolaires. Je vous expose ci dessous mon problème:

L'apprentie-suppléante travaille pour la commission scolaire X.
Elle en est bien contente, hormis le fait que la paie, faut pas s'attendre à la voir trop vite (ça c'était histoire de trouver quelque chose à redire).

L'apprentie aimerait se payer le luxe de travailler tout près de chez elle. Elle vise 3 écoles en particulier, parce qu'elle peut entendre les cris des enfants de chez elle.
Pour cela, l'apprentie devrait aussi s'inscrire à la commission scolaire Y.

Peut-elle le faire sans froisser la commission scolaire X et ainsi jouer sur les deux tableaux ?

jeudi 11 novembre 2010

Esprit d'équipe

"Non mais monsieur, j'veux pas me mettre en équipe avec elle. Elle ne travaille pas, pis j'veux pas qu'elle ait une bonne note grâce à moi. En plus, on n'est vraiment pas du même niveau social. Elle va travailler pour 10$ à faire les surveillances de dîner et n'a aucune ambition. Je vaux plus que ça. Pitié, changez-moi d'équipe."

[Potentielle future collègue]

Foutue journée !

Mercredi - 20h

Je suis crevée, je n'ai qu'une envie: aller me coucher ! J'ai encore un oral pour le lendemain à préparer mais tant pis, là je n'arrive plus à réfléchir. Allez au lit !

Mercredi - 21h45

Driiiiiiiiiiiiiiing Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing

Allo ?

Oui excuse moi de t'appeler si tard l'apprentie. T'es disponible pour de la suppléance demain ?

Bon c'est mon école préférée, j'peux pas lui en vouloir de me sortir de mon sommeil de bébé. Mais j'peux pas lui dire oui, l'oral de demain, je ne peux pas y échapper.

Mercredi - Jeudi 23h - 00h - 01h

Je crois que cet appel a cassé mon rythme. Pis j'suis bien triste d'avoir eu à dire non. Une semaine que j'ai pas vu les p'tits réguliers. Il me manquent ...

Jeudi 7h AM

Bip bip bip bip

Difficile de se sortir du lit, j'aurais pu préparer mon sac de suppléante, mais à la place, je prépare cet oral.
Allez hop, 4 ou 5 phrases et c'est torché. Ce sera de l'improvisé, jusque là ça  a toujours bien marché ...

Jeudi 11hAM

Prof de l'apprentie:
"Bon alors nous n'aurons pas le temps de passer à l'oral. Nous le ferons la semaine prochaine."

Vous avez dit frustrée?

mardi 9 novembre 2010

Renforcement agressif

Faut qu'j'vous raconte ...

Jour 1 du stage

On me propose d'assister au cours d'un professeur de francisation, appelons le Monsieur fou-furieux, à de jeunes adultes. Celui-ci m'invite à m'assoir au fond de la classe pour l'observer.

Il lance un exercice, ou du moins il essaie: les élèves se regardent et ne semblent pas avoir compris les consignes. Moi non plus.
Il en désigne un pour donner la première réponse. Pas de réponse.
Il passe au suivant. Pas de réponse.
Puis à un autre, et un autre, et un autre. Toujours aucune réponse.
Il regarde alors sa classe et lance un: "Mais c'est pas vrai, même chercher dans un dictionnaire vous ne savez pas faire !"

C'est pas grave, il leur donne un numéro de page et ordonne à une des jeunes de lire à haute voix. Hésitante, elle s'applique comme elle peut mais sa voix ne porte pas.
"PLUS FORT" lance le prof.
L'élève fait l'effort quelques secondes puis la voix se fait de nouveau plus discrète.
"PLUS FORT"
Le même effet survient.
[Fou-furieux part dans le couloir] "JE VEUX T'ENTENDRE D'ICI"
Idem
[Fou-furieux s'approche de son bureau]
BAM BAM BAM
"PLUS FORT !"
J'ai bien cru qu'avec ces 3 coups de poings, ce pauvre bureau ne tiendrait pas le choc.
Et BAM BAM BAM et BOUM BOUM BOUM
J'ai bien entendu 50 fois "PLUS FORT" durant le reste du cours .. Le bureaua tenu. Pas ma tête ...

J'ai, aussi, adoré sa façon d'imager les mots:
"Et votre progéniture a ... a ... a ... a ...." [lance violemment sa craie contre la fenêtre] "a ... cassé ma fenêtre!"

Mais l'instant le plus beau, celui qui m'a tiré un rire sans doute nerveux restera le moment où j'ai découvert l'une des fonctions de l'élève assis à côté de l'interphone: il doit appuyer un livre contre celui-ci lorsqu'un message est passé afin de ne pas l'entendre !

Je vous passe toutes les petites réflexions ultra désagréables envers les élèves.

Le fait est qu'il règne un climat de peur entre ces murs. Les pauvres jeunes se demandent ce qu'ils font là. Ce qu'il fait là. Et moi aussi ...

Je n'avais qu'une hâte, que ça finisse ! C'est vraiment dommage, cette homme est très cultivé et fin connaisseur de la langue française. Quel beau gâchis de ne pas savoir le transmettre.

Sa réputation est connu dans l'établissement et ma professeure référente a avoué à demi mot qu'elle m'avait envoyé là pour que je vois "de quoi ça a l'air".

Le meilleur dans tout ça ? Sans doute les derniers mots que m'a adressé monsieur fou-furieux:

"J'aimerais que tu me donnes un retour, comme-ci tu étais mon évaluateur".

Euh non non, merci. Je laisse ma place à d'autres ...

lundi 8 novembre 2010

L'usine à profs' ...


Ma vision de la formation que l'on m'offre n'est pas plus belle que dans cette vidéo.Je tiens aussi le discours: "je suis là pour le diplôme, pas pour les notes", contrairement à un très grand nombre de mes camarades.

Je suis actuellement formée afin de devenir professeur de français.
Combien avons-nous de cours concernant cette matière en 4 ans ? Deux

Pour le moment, j'ai appris quelques mots d'espagnol, quelques termes comme "béhavioriste" ou "cognitiviste", et quelques dates historiques. J'ai aussi appris à construire un arbre syntaxique et à compter en base 8.

Cool, hein ?

Si j'veux bien faire mon métier, j'ai vite appris que ce n'est pas sur l'université que je dois compter.

Tout n'est pas "si pire", le Québec peut au moins se vanter d'offrir une vraie formation à ses futurs "porteurs de savoirs". Ce n'est pas le cas partout, je reviendrai sur ce point sans doute un jour.

En tous cas, je trouve le programme de français langue seconde bien maigrichon.  Je porte maintenant tous mes espoirs sur le b.ed primaire et préscolaire.

À condition d'arriver à l'intégrer ...

dimanche 7 novembre 2010

Et le gagnant est ...

Quand on n'a pas beaucoup de mémoire, il est bon de trouver des petits "trucs" pour savoir quel élève nous n'avons pas encore interrogé durant la journée.

J'ai vu Madame passionnée donner un numéro à chaque "ami" et écrire au tableau à quel numéro elle est rendue pour faire parler tout le monde.
Bonne idée, mais trop prévisible à mon goût.

Puis j'ai remplacé Monsieur le bien aimé mardi et j'ai trouvé son affaire pas mal bonne.
Il a tout simplement instauré un système de "pige", ou "tirage au sort", comme vous voulez.
Dans la boite, 20 numéros, un pour chaque élève.
Une fois le numéro tiré, il suffit de le placer dans une seconde boite. Une fois tous les chiffres sortis, on recommence !

Alors hop, avec une boite de boutons et des petits collants (2$, merci dollarama !), j'ai maintenant mon propre système de "pige".
Cette mini-tentative d'instauration de mini-gestion d'classe d'un jour a au moins le mérite de faire prendre conscience aux élèves "qu'elle niaise pas la remplaçante".

Et je prends un malin plaisir à voir dans les regards les "Ah non pas moi, pas moi, pas moi" alors que ma main cherche un numéro dans la boite.

Dans heures de plaisir en perspective Mouahahahahahaha

Sang froid ...

"Félix-Antoine, peux-tu revenir à ta place sil te plait ?"

NON

"Félix-Antoine, je te le demande pour la seconde fois, peux-tu revenir à ta place s'il te plait ?".

NON

"Félix-Antoine, là ..."

C'PAS TOI QUI DÉCIDE DEBORD

J'vais m'en rappeler longtemps de celui là ...

Une nouvelles semaine commence ...

... ou le lot commun des suppléants ...

Mes lunchs sont prêts. J'ai acquis une toute nouvelle organisation de vie depuis la rentrée. Les amis, les amours, les emmerdes sont prévenus: ça s'peut que j'annule nos sorties si je reçois l'appel.

Parce que cette semaine, je ne suis pas "planifiée".

Demain matin, le réveil va sonner tôt et je serai sur le pas de ma porte à 7h15. Appellera, appellera pas, le résultat est le même: je dois être prête !
Mon prochain rendez-vous à l'avance est pour janvier. Avec peut-être ma professeur passionnée préférée qui pense à me laisser ses p'tits avant la Noël (chouette !). J'vous en parlerai sans doute de ceux là, un gros coup de foudre partagé tant avec les élèves qu'avec leur enseignante.

En attendant, j'attends et je prie pour que mon école coup de cœur soit la première à s'afficher sur mon cellulaire. J'attends même qu'un numéro s'affiche tout court. Parce que parfois, le téléphone reste désespérément silencieux.

C'est aussi ça, la vie de suppléante. On ne sait pas où on s'en va avec ça et si on rentrera cette semaine.
Frustrant n'est ce pas ?

Bon j'm'estime heureuse, j'suis qu'une deuxième année après tout. Quand je pense à tous les déjà-diplômés qui s'apprêtent à commencer leur semaine de la même façon que la mienne.

Pour endurer, j'pense que ce métier, ils doivent vraiment l'aimer !

samedi 6 novembre 2010

Qui que dont quoi comment pourquoi ?

 La suppléance n'est, selon moi, qu'une belle expérience (mais pas toujours évidente) ayant de multiples avantages. Nommez-moi ministre de l'éducation et je vous rends ça obligatoire durant le baccalauréat !

Non seulement nous sommes directement confrontés à notre futur métier et voir si celui-ci nous convient, mais nous pouvons également acquérir de l'expérience en vue de notre future "vraie" carrière et voir comment les enseignants peuvent rendre l'année scolaire agréable.
 
Voici donc mes petits trucs et astuces, empruntés aux enseignants que j'ai pu remplacer, tournés à la sauce "apprentie.".

vendredi 5 novembre 2010

L'apprentie a pris sa décision ...

L’enseignement, j’y ai pris goût sur le terrain.
 Alors que j’étais encore dans mon pays d’origine, j’ai eu la chance de travailler dans un établissement scolaire secondaire et l’expérience m’a beaucoup plu. Souhaitant immigrer au Québec, mon choix s’est donc tout simplement porté vers le baccalauréat en enseignement que j’effectue depuis l’automne 2009. 

Pourquoi avoir choisi le français langue seconde?
Au moment de faire ma demande d’admission, je ne savais pas encore avec quel public, ni vraiment quelle matière, je souhaitais enseigner. Le b.ed français langue seconde permet de travailler autant au secondaire, qu’au primaire et aux adultes. C’était donc l’idéal pour quelqu’un comme moi qui ne savait pas encore où se placer professionnellement.

            Pourquoi vouloir changer maintenant?
C’est encore sur le terrain que j’ai trouvé ma voie. Il y a quelques mois, j’ai obtenu le TECFÉE ainsi qu’un nombre de crédits universitaires suffisant pour effectuer de la suppléance. Depuis la rentrée, je travaille au sein d’une école primaire en tant que remplaçante. J’ai ainsi découvert l’enseignement au préscolaire et au primaire en classe régulière et je suis maintenant certaine de mon choix : c’est avec cette population que je me sens à l’aise et que je me vois travailler à l’avenir.

J’ai pris le temps de la réflexion avant d’effectuer cette demande et je suis prête à travailler fort pour arriver à mon but. J’ai d’ailleurs décidé de prendre des cours hors programme à l’hiver prochain afin de m’avancer dans le baccalauréat si ma demande était acceptée.

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Les jeux sont faits, rien ne va plus ...

jeudi 4 novembre 2010

Quand l'écart se creuse ...

Ce matin, retour difficile dans la vie d'étudiante.

Je fixe le téléphone du regard et la possibilité d'un appel pour de la suppléance m'obsède. Assise sur les bancs de la fac, je me sens comme inutile et malheureuse.
Pourtant, il va falloir que je m'y fasse: il me reste encore deux ans et demi à trimer pour décrocher le diplôme. Trois ans, même, si je change de programme.

J'étais heureuse de retrouver mes camarades de promo après cette semaine de lecture-suppléance, pensant pouvoir discuter de nos expériences respectives. C'est si enrichissant d'aller voir ce qu'il se passe dans les classes et de pouvoir discuter de nos petites victoires, comme de nos échecs.

Problème.La conversation de cette après-midi tournait exclusivement autour du travail de session, de l'examen de lundi et du fait que la phonétique, c'était vachement bien.
J'ai bien essayé de lancer mes petites anecdotes de suppléante pour lancer le sujet, sans succès. Le fait est que dans ce petit groupe, je suis apparemment la seule qui a eu l'idée, et pense que c'est une bonne chose, d'aller apprendre le métier directement sur le terrain. Mes camarades préfèrent prendre les dires de nos professeurs pour argent comptant et se baser là dessus pour se construire à coup de A+ et de nuits blanches pour rendre le travail le plus parfait possible.


Pire. J'ai l'impression d'être une extraterrestre totalement dans le faux qui, en étant si peu productive dans mes travaux et si mauvaise en tant qu'étudiante, ne deviendra jamais une bonne enseignante. Voire ne deviendra jamais enseignante tout court.


Aujourd'hui, je me suis encore sentie seule au monde. J'ai beaucoup pensé à mes p'tits réguliers, à Madame passionnée et à mon agenda vide de toute suppléance avant janvier.

Le temps va me sembler bien long jusqu'à la dîplomation (celui là, c'est pour la rime).

Quatre trois deux un zéro ... Go l'apprentie go !

mardi 2 novembre 2010

Un pas de plus ...

Le papier de demande de changement de programme est sur la table depuis hier.

Maintenant que c'est plus concret, je doute encore plus.

Mais au fond de moi, je sens que je vais finir par le signer, parce que j'les aime trop, mes p'tits réguliers.
Et que je ne me vois plus les quitter ...

La vie est belle

Et bien voilà, je sors de 6 beaux jours de suppléance dans la même école.
En un mot: fantastique ! Je me sens vraiment bien dans cet établissement.

Les élèves me connaissent maintenant et je commence à savoir comment fonctionne chaque classe. Je me construis de nouveaux repères et j'ai tissé de vrais liens avec les jeunes et certains de mes collègues d'un jour. Peu à peu, je prends confiance en moi et je l'ai ressenti aujourd'hui plus que les autres jours, puisque je pose mes propres règles aux élèves et que je ne bafouille plus. Mieux, j'arrive maintenant 15mn avant que la cloche sonne sans une grosse boule au ventre et sans me presser. Je commence à savoir m'organiser plus vite et à mieux gérer mon temps.


Retourner à ma vie d'étudiante demain va être difficile. Heureusement, je repars dès vendredi dans une école habillée de mon autre costume: celui d'assistante de recherche. J'ai eu mon nom sur la porte d'un bureau de l'université 6 mois durant mais ce poste très sédentaire ne me plaisait pas. Mais certes, pour dépanner, je veux bien m'y recoller surtout que là c'est de la collecte de données.

Néanmoins, je garde un œil sur mon cellulaire, dans l'attente de voir très vite s'afficher le numéro de mon école coup de cœur pour de nouveaux remplacements.
J'ai bon espoir, parce qu'on m'a glissé à l'oreille:

"Tu fais partie des meubles, maintenant"

lundi 25 octobre 2010

On a parfois de bonnes surprises ...

Je vous en avais vaguement parlé dans un autre billet, j'ai eu un véritable coup de foudre pour une école. Elle a été la première à me faire confiance pour des remplacements et depuis, je n'attends que ses appels !

Ce matin, justement, je me réveille plus tardivement que d'habitude: j'ai une entrevue dans une école secondaire privée donc je ne suis pas disponible pour aller au secours des écoles en détresse. Mais en regardant mon cellulaire, je vois que j'ai reçu 2 appels. Ça fait toujours quelque chose de ne pas avoir répondu !

Et oh! Mon école coup de cœur m'a appelée.

Vite, je prends mon cellulaire pour les rappeler illico, histoire de montrer que oui, même si aujourd'hui ce n'était pas le cas, je suis disponible pour eux.
De là, la très gentille secrétaire me dit que oui, ils avaient besoin de moi mais qu'ils m'ont trouvé une remplaçante. Par contre, ils ont du travail pour toute la semaine si je le souhaite.

Et voilà comment une semaine de relâche va se transformer en 4 beaux jours de suppléance.

Et comment moi, je suis de bonnes humeur en ce lundi matin =)

dimanche 24 octobre 2010

Le régulier ou le FLS, telle est la question ...

L'apprentie se surprend parfois à rêver sa vie et à lancer un pari avec l'avenir: il sera comme ça et pas autrement.

Je m'imaginais travailler au secondaire, en français langue seconde ou aux adultes. Mais en primaire, ah non surtout pas !
Puis il a fallu que j'commence la suppléance et que je découvre mon école coup de cœur. Celle dont j'espère que le nom sera sur mon cellulaire quand je reçois un appel.
Grâce à elle, j'ai découvert la classe régulière et je m'y suis beaucoup plu. Bien trop pour que cela s'arrête.

Alors maintenant, j'ai de gros doutes sur ma carrière en langue seconde. 
À l'heure d'aujourd'hui, je me vois dans quelques années à enseigner dans une classe régulière de 3ème cycle du primaire en région.


Alors les paris sont pris, la suite au prochain épisode ...

France vs Québec - La question récurente

De par mon accent audible, ma fâcheuse tendance à être bougonne et ma sale habitude de demander aux élèves de sortir leur gomme, je ne peux pas cacher mes origines très longtemps. Alors une question récurrente revient chez mes collègues d'un jour: "Et chez vous, l'école, c'est comment ?"

Ne vous y méprenez pas, j'aime mon pays et même si je ne suis pas toujours tendre avec lui, il y a de très bonnes choses là bas. Mais quand on émigre, on a tendance à voir tout blanc d'un côté et tout noir de l'autre. Alors pour le moment, je vois l'éducation au Québec de mes yeux de toute nouvelle et celle de la France de mes yeux de presque vieille aigrie.

Alors voilà quelques passages d'une conversation sur le sujet avec une personne qui hésitait à envoyer ses enfants à l'école française:

"Au moins, le Québec peut se vanter d'offrir une vraie formation à ses futurs professeurs et le système veut qu'une personne qui n'aime pas ce métier va facilement quitter les rangs.
En France, le concours et tellement difficile à obtenir et les avantages (sécurité de l'emploi, bien plus de congés qu'au Québec, statut de fonctionnaire) tellement mis en avant que très peu vont quitter leur emploi même s'ils n'aiment pas ça.
Résultat, on trouve une belle bande d'incompétents\je-m'en-foutistes qui viennent ternir l'image de ceux qui ont leur travail à cœur.
Je ne compte même plus les fois où des professeurs m'ont dit que si la situation économique de la France n'était pas si mauvaise et qu'ils avaient réussi à faire quelque chose de leur licence (= baccalauréat), ils auraient laissé tomber l'enseignement.

J'ai pu voir une différence entre vos 1ère année et les nôtres qui sont un peu plus avancés à leur entrée au primaire. Normal, chez nous le préscolaire et quasi un passage obligé pour nos petites tête blondes et on y voit déjà l'alphabet et souvent un début de calligraphie.
Mais à côté de ça, vos enfants sont tellement plus débrouillards que les nôtres !
C'est ce que j'aime ici: on ne se contente pas de leur fournir des connaissances, on leur apprend aussi à être autonomes et responsables.
Autonomes, les enseignants le sont aussi et sont assez libres dans leurs programmes, tant qu'il est conforme aux exigences du MELS. Je n'ai pas encore vu une seule classe qui utilise les mêmes méthodes\supports et je trouve que c'est une grande richesse pour les enfants. L'enseignant peut ainsi mieux s'adapter aux besoins de la classe.

Les besoins, parlons-en ! Des psychologues, des orthopédagogues sont venus dans mes classes pour proposer leurs services aux élèves. Une orthophoniste venait en chercher trois durant une période pour les aider avec leur prononciation. Une autre professionnelle du langage vient une fois par semaine donner un atelier pour l'apprentissage des méthodes lecture.Le cours d'éducation physique, c'est un prof de sport qui le donne, idem pour l'art plastique.
En France l'enseignant est seul maitre à bord et, à ma connaissance, il n'y a pas de spécialistes de ce genre dans les écoles primaires. C'est comme demander à quelqu'un d'être à la fois boulanger, boucher et poissonnier.

Ce que j'aime par dessus tout, c'est la politique de renforcement positif: il faut toujours tirer l'enfant vers le haut. Mon dieu, comme j'aime pouvoir dire à un enfant "t'es capable" sans me prendre une réflexion du type "arrête de rêver, il n'arrivera à rien ce gamin" par un collègue blasé.
On rejoint un peu l'idée de beaucoup de français sur le Québéc: "le monde des bisounours, tout le monde il est beau et gentil" ...
N'empêche que ça marche, parfois.

Il y a beaucoup moins ce rapport de force entre enseignant et élèves. Le "tu me dois le respect parce que je suis ton supérieur, point" est très mal vu.
Et en y réfléchissant bien, l'école est vraiment le reflet de la société et je pense que les rapports élèves\enseignants vont ressembler à ce que l'on trouve dans le monde du travail ici entre patron et employés.
Mettre son enfant à Marie de France ou Stanislas, c'est accepter le fait qu'il apprendra un autre code de conduite, une autre forme d'éducation et qu'il va devoir faire un travail d'adaptation par la suite.
L'école, ce n'est pas qu'une usine à "petits génies". C'est aussi et surtout un endroit où l'on apprend à devenir de bons citoyens, à socialiser, à intégrer les bons codes de vie. Sur ces points, je trouve que l'école québécoise a une longueur d'avance et que, de toute façon, c'est la seule à être adaptée pour remplir ce rôle au ... Québec.

J'aurais aimé qu'on me donne davantage confiance en moi et que je ne me trouve pas prise au dépourvu quand un professeur d'université me demande mon avis. Parce qu'encore à l'heure d'aujourd'hui, j'ai beaucoup de mal à me sortir de cette mentalité française qui veut que nous ne sommes que de bons petits soldats qui travaillons durs à la tâche, absorbons tous les savoirs que l'on nous donne et donnons toujours raison à cet être supérieur qui nous fait office de professeur.

Le système québécois n'est pas parfait, loin de là. Mais il n'est pas non plus à blâmer.
Pour une éducation parfaite, pensez aux pays nordiques. Parait qu'ils sont pas mal bon là dedans ..."

Stage I - Reflexion I

Dans le cadre de notre stage de première année, que je n'ai pas pu faire l'année dernière, on nous demande d'envoyer de petites réflexions sur notre ressenti de stagiaire. Voici ma toute première, sur un sujet léger pour une mise en bouche en douceur ...


L’environnement visuel, facteur à prendre en compte?


Remettons d’abord les choses dans leur contexte : j’effectue mon stage dans un centre d’éducation aux adultes qui offre, en plus d’une formation générale, des sessions en francisation. J’effectuerai mon premier jour de stage le 9 novembre, soit quelques jours après la remise de cette réflexion. De ce fait, je vais me baser sur ce que j’ai pu voir durant la demi-journée de préstage pour vous faire part de mon point de vue.
Vous est-il déjà arrivé de ne pas vous sentir à l’aise dans une pièce? C’est ce qu’il m’est arrivé ce 19 octobre dernier. Pas que j’étais stressée, même si découvrir de nouvelles choses a toujours le don de raccourcir mes nuits. Non, je n’étais réellement pas bien. Les couleurs, les odeurs, les matières ont de grands effets sur moi et arrivent à jouer sur mon moral et ma motivation. Je suis certaine que je ne suis pas la seule qui démarre bien mieux sa journée quand, en ouvrant les rideaux, j’aperçois un beau ciel bleu plutôt qu’un temps gris.
Du gris, justement il y en a à revendre dans ce centre de formation ! La première pièce que l’on me présente en entrant est la salle de dîner. Un endroit grand et froid, où les seules choses que l’on trouve sur les murs sont de vieilles annonces périmées. Bon allez, passons, après tout, tout ce que l’on attend de cette salle est avant tout d’être fonctionnelle et d’offrir de quoi faire réchauffer son lunch. Pour la suite de la visite, nous avançons dans les couloirs ternes et l’on me présente une première salle de classe. On m’explique que les bureaux sont en fait récupérés dans les écoles primaires. Ah bah ça oui, on peut le voir qu’ils ont du vécu ! Bon, à la limite on pourrait leur trouver un certain charme si le reste de la pièce était plus chaleureuse. Malheureusement, c’est loin d’être le cas : sur les murs gris, on peut trouver une carte du Canada (datant sans doute de l’époque de Jacques Cartier) et quelques images d’oiseaux, dont les couleurs sont ternies par le temps. Je n’ai eu alors qu’une envie : sortir de là. Je suis peut-être tout simplement insensible au charme de ce genre de décoration…
 Alors, je me suis posé cette question : si on prend en compte que la plupart des étudiants de ce centre sont de jeunes décrocheurs, les incitons-nous vraiment à revenir dans nos classes en leur offrant un tel environnement?
Certains me diront qu’au primaire, les images et les couleurs c’est très bien, mais que chez les adultes, c’est un peu surfait. À ceux-là, je leur répondrais de mieux porter attention à leur premier ressentiment la prochaine fois qu’ils entreront dans une pièce. Bien sûr, le fond est toujours à privilégier sur la forme et le contenu des cours est bien plus important que celui de la salle de classe elle-même. Mais dans nos cours, ne nous dit-on pas qu’il faut toujours créer un environnement favorable à l’apprentissage dans notre salle de classe? Cela ne passe-t-il pas aussi par le fait de s’y sentir bien?
Ne vous inquiétez pas, je sens que je vais tout de même avoir un stage formidable. L’équipe enseignante est merveilleuse et les résultats sont là. « Les apparences sont parfois trompeuses » dit-on. Je pense que cet établissement en est un bon exemple. Mais je me demande tout de même s’il n’y gagnerait pas à les soigner davantage, ces apparences. Bien entendu, il n’est pas question de demander aux personnes concernées d’aller puiser dans un budget déjà trop maigre pour acheter des pots de peinture et repeindre l’établissement. Mais en tant qu’enseignant, ne pouvons-nous pas améliorer un peu les choses à notre niveau?
En ce qui me concerne, à l’avenir je pense afficher des travaux d’étudiants, des images qu’ils ont choisies et des choses leur tenant à cœur pour leur faire prendre conscience que cette salle de classe, c’est avant tout la leur.

mardi 5 octobre 2010

Il était une suppléante ...

6h00. Le réveil sonne. Je peine à me sortir du lit ... Pas que je n'ai pas bien dormi non, j'ai étonnamment bien dormi. Juste que j'ai .. peuuuuuuuuuur !

6h50. Allez hop, c'est parti. Je traverse ma rue et MERDE!, j'ai oublié mon lunch (bah voui, pas habituée à ça moié !)

7h30. Je pousse la porte de l'école primaire qui m'a fait l'honneur de m'appeler pour une première suppléance.

Un petit topo: C'est donc une grosse école primaire, de quelques 620 élèves, du préscolaire 4 ans (non, pas d'école à 2 ans au Québec !) à la sixième année (difficile de trouver une correspondance française parce qu'on fait une année de plus au primaire ici. Disons que c'est un CM2 avec une année de plus). 95% de sa clientèle est d'origine autre que Québécoise.

On m'offre donc une classe de première année (=CP) pour la journée. Je pose alors mes questions de débutante de base: "Les élèves se rangent où ? La récré est à quelle heure ?" et on me dirige vers ma salle de classe provisoire.

Vingt beaux élèves à accueillir. Chouette ! En plus, j'ai de la chance, le professeur m'a laissé un beau planning tout fait sur le bureau. Trop facile (erreur de débutant que de penser ça ...)

8h15. La cloche sonne. J'ai dû perdre 40L d'eau et je me dirige vers le corridor. "Hey madame la prof' X. Ils sont où les miens ??? ".
On me montre alors mon rang. Oula, qu'ils sont petits ! Mon dieu, ça court partout ! A l'aiiiiiiiiiiiiide !!

J'entends la prof' voisine lancer à ses troupes "Allons-y les amis !". Oula, donc c'était pas juste une blague de mon prof' de gestion de classe. On appelle vraiment les élèves "Les amis" ici. [Choc culturel numéro 1]
Bon ni une ni deux (j'ai jamais aussi vite intégré une nouvelle donnée de ma vie), je lance un "Bonjour les z'amis, je remplace Madame la passionnée [choc culturel numéro 2, on appelle le prof' par son prénom !] aujourd'hui. Tout va bien aller, on me fait un beau rang siouplaiiiiit !

Et hop, ils se dirigent comme des grands vers leur salle.
Et là, vient le [choc culturel numéro 3]: les casiers ! Là j'avoue que j'ai plus observé que donné des directives. Les élèves ôtent donc manteaux, pulls et sacs et laissent tout dans les casiers du couloir. Tsé, comme dans les films là !

Ayé, libérés de tout objet superflu, on peut entrer en classe. Les élèves écoutent les directives et se mettent vite au travail. Cool !
Aujourd'hui, leçon sur le son "on". Et là je donne ce conseil à tous futurs suppléants: arrivez très à l'avance ! On peut ainsi préparer la leçon tranquillement et ça va bien mieux comme ça (oui, j'ai reçu de l'organisation à Noël !)

On frappe à la porte. Une dame se présente à moi et me dit "Je suis X et je m'occupe du petit mignon. Il est un presque-autiste et je viens lui apporter mon aide durant le cours". [Choc culturel numéro 4: l'intégration ! Oui, ici on trouve des enfants avec de multiples "handicaps" dans les classes régulières. J'ai eu de la chance, là j'en avais qu'un mais parfois c'est 2 ou 3 par classe et là j'imagine comme ça doit être difficilement gérable. Notez que ces élèves ont bien une aide en classe et que des moyens sont là pour eux !]
En tous cas, très brillant ce petit. Il comprend parfaitement et réussi tout à merveille.C'est vraiment très bénéfique pour lui d'être en classe régulière. Je ne l'imagine pas 3 secondes dans un de nos I.M.E.
La dame reste un petit quart d'heure et part voir un autre élève dans une autre classe. Me revoilà seule maître à bord.

9h30. Élève affamé: "C'est quand la collation ??"
Madame l'apprentie: "La ... quoi ???"

Bon okey, ça je m'en doutait un peu de celle là. Merci les films, encore une fois. Donc oui, on donne bien une briquette de lait, des céréales pis un fruit aux élèves avant la récré. Bon là j'ai bien galéré pour savoir comment ça se passe.J'ai même empiété 5mn sur la récré, et les élèves voulaient rester et plus sortir ! Allez oust, dehors !
10h10. Retour de la récré et pause pour moi: les élèves partent avec le prof d'arts plastiques (quelle déception ! Moi qui pensait mettre à profit mes récents acquis en la matière). Finalement pas si pause que ça parce que j'ai une pile de correction à faire. Chouette !

11h10. Fin de la matinée et diner. Les enfants mangent leurs "lunch" (pas de cantine ici, je trouve ça dommage) et moi le mien. Gros moment de solitude quand j'ai lancé un "Bonjour j'suis Madame l'apprentie et je remplace Madame l'absente pour la journée" tout joyeux dans la salle des profs et que j'ai eu comme seule réponse des regards interrogateurs. J'ai vite mangé et hop, je suis retournée dans la classe pour préparer les activités de l'après-midi.

12h30. La cloche sonne de nouveau, c'est la reprise des cours (et oui, si tôt !). Atelier prévu avec une orthopédagogue pour revenir sur quelques difficultés. La voilà qui arrive et qui m'annonce qu'elle a une urgence et qu'elle ne pourra pas rester. "T'es capable de gérer ça toute seule" qu'elle me dit.
Effectivement, j'ai géré comme je pouvais et ça m'a beaucoup appris. Ça aura sans doute été mon meilleur moment de la journée. Élèves calmes et à l'écoute + activité super intéressante = le pied !

13h30. Nouvelle récréation. Je suis de surveillance et ça me rappelle mon année à l'école secondaire en France, quand je déambulais dans la cours à l'affut de tout problème.

13h50. On rentre en classe, je lance une mini-activité afin d'arriver doucement à 14h, heure à laquelle une autre professionnelle venait donner un atelier de 40mn. Et là ce fût assez drôle: j'ai reconnu la méthode de cette dame pour l'avoir lue dans ... son blog ! Le monde est petit...

14h40. La dernière ligne droite.Une dernière activité de mathématiques et la dame qui s'occupe du petit mignon, de retour depuis quelques minutes, me lance un "Je crois qu'il est temps de t'occuper du X??!*#$(*"
Autant dire que je n'ai rien compris ! En gros, il fallait regarder leurs espèces d'agendas, où il y avait en même temps un rappel de ce que l'on a vu dans le cours, des indications pour les devoirs à faire à la maison, des exercices ... Un fourre-tout dans lequel je me suis totalement perdue !
Voilà donc le [choc culturel numéro 5], en appui avec le [manque total d'expérience au primaire], autrement dit, les deux points qui m'auront donné le plus de fil à retordre !

Il restait 15mn et j'avais toute une façon de faire à intégrer au plus vite. J'ai lancé un appel au secours à la dame, qui m'a fait savoir que j'aurais dû demander aux élèves d'emporter leur cartable [choc culturel numéro 6] sac à dos dans la classe après la récré. Ils peuvent ainsi ranger leurs cahiers de devoirs et ainsi être prêts au grand départ.

Bon bah là ils ne l'avaient pas, pis fallait faire avec. C'était sans compter ma totale incompréhension face aux sigles dans le cahier de devoirs, et encore plus face aux consignes. La journée s'est donc terminée par un cafouillage monumental !

Mais les élèves ne m'en n'ont pas tenu rigueur, à voir leurs beaux dessins qu'ils m'ont laissé et le gros câlin du petit mignon.

Et puis, vaut mieux que je me trompe face à ces petits élèves que je n'aurais qu'une journée, non ? Les conséquences de ma totale inexpérience seront bien plus limitées et cette seule et unique journée dans l'année ne brisera pas le travail de l'enseignante titulaire.
Moi de mon côté, ce petit jour m'aura appris bien plus que la dernière année d'université. Je compte bien continuer à faire de la suppléance et avoir encore beaucoup de ces jours où je n'apporterai finalement que très peu à ces élèves.
Parce qu'au moins, dans 3 ans, ma première classe, que j'aurais toute une année de long, ne souffrira plus de mon manque d'expérience.

Du moins je l'espère ...