samedi 20 novembre 2010

Gestion de classe 101

Monsieur masqué, vous m'avez demandé en quoi consiste notre cours de "gestion de classe". Ce cours vaut, pour moi, plus qu'un simple commentaire. J'en ferai donc un article.

Gestion de classe en FLS, cours de ce début de seconde année.
Premier cours auquel je vois des applications directes. Second où je prends réellement plaisir à aller.

Il se divise comme suit:

- Une première partie où l'on nous présente des sortes de "trucs et astuces" et une marche à suivre: comment instaurer sa routine, faire partir un travail d'équipe ou encore donner une leçon de grammaire.
Tout ceci reste très en surface, mais le professeur sait faire la différence grâce à ses anecdotes personnelles. Et puis, il aime son métier ce monsieur, et ça parait !


- Une seconde partie sous forme de "plénière", animée par un des étudiants de la cohorte. Nous traitons d'une question (ex: organisation des tables de travail) individuellement, puis en groupe.

Cette semaine, nous avons fait des "mises en situation". 3 étudiants ont été choisis pour jouer le rôle de l'enseignant. Les autres étaient les élèves.
Nous avons beaucoup ri, et certains se sont découvert des talents d'acteur. Mais a-t-on appris ? Je ne sais pas.
Le problème, voyez-vous, c'est qu'à force de nous faire dire que "dans la réalité, ce n'est pas comme ça", on s'y perd. Selon notre professeur, une routine bien instaurée = la tranquillité toute l'année. Je pense que c'est un peu nous donner de la poudre de perlimpinpin. Parce que dès que l'on pose une question du type "Oui mais si un élève fait ...", on nous répond systématiquement "Si vous instaurez une bonne gestion de classe dès le début de l'année, ça n'arrivera pas".
Han ouais ?

On nous a diffusé un film français, à savoir "Entre les murs", en cours. Pour ceux qui ne l'on pas vu, il traite de la situation difficile des écoles en "ZEP", zone d'éducation prioritaire. On y voit des élèves très irrespectueux, et une situation vraiment tendue et difficile.
Conclusion de notre prof': "En X années de métier, je n'ai jamais vu ou entendu de cas semblables. N'oubliez pas que c'est un film.
Dans ma courte expérience au secondaire, je me suis faite insulter, j'ai esquivé un coup de poing et j'ai dû aller au secours d'une professeure d'anglais en pleurs après que ses élèves aient décidé de faire de la porte d'entrée une cible pour leurs paires de ciseaux.
Dernièrement, on a brulé la voiture d'un de mes anciens collègue et un jeune a sauté du second étage.
Et je ne travaillais pas dans un établissement classé ZEP...

Vos jeunes sont-ils si dociles au Québec ? J'ai un peu de mal à y croire après mettre fait dire par un petit, pas plus haut que 3 pommes, que "c'est pas moi qui décide". S'il n'est pas cadré, il devrait être pas mal au secondaire celui là ...

Voilà le plus gros reproche que je peux faire à ce cours. Un peu trop "tout va bien aller, vous allez voir, suffit d'assurer au début et ça va rouler". Pis en FLE, les élèves sont pas ben ben compliqués ...
J'aurais aimé savoir comment je dois - et surtout ne dois pas - réagir quand un jour un jeune va me tenir tête. Mais je sais maintenant que ce n'est, encore une fois, pas l'université qui va me l'apprendre.

Oh, et puis, j'ai au moins la chance de mettre en pratique les petits conseils de notre professeur quasi de suite. Mais pour les étudiants ne se sentant "pas prêts" à suppléer, il leur faudra attendre le stage deux pour côtoyer des élèves.

En mai 2011 ...

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup votre pragmatisme et votre esprit critique.
    Le film de Cantet est en effet une fiction (joli pléonasme), c'est-à-dire un condensé hyperbolique de ce que peut être une classe à divers moments de l'année, mais certainement pas une fenêtre ouverte sur ce qu'est réellement l'école. Du moins je l'espère parce que visiblement, on n'y apprend pas grand chose dans cette classe. L'école est-elle moins difficile ici qu'en France ? En tout cas, nous avons moins de zones chaudes, et j'aurais tendance à penser (pardon du cliché) que les Québécois sont plus dociles que les Français en général vis-à-vis de l'autorité.

    Quant aux trucs, ils ne peuvent pas nuire, mais ce n'est pas une panacée. La principale leçon que j'ai apprise durant mes années d'enseignement, c'est qu'il faut endosser son rôle de prof sans décrocher, sinon le public aussi décroche. Je connais des profs qui ne seront jamais respectés parce qu'ils sont incapables de tenir leur rôle, et d'autres qui maîtrisent cela d'emblée. Ce n'est hélas pas un métier pour tout le monde.

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  2. Je suis tout à fait d'accord qu'une routine établie le plus tôt possible fait toute la différence.

    Par contre, il faut être capable de l'instaurer cette routine. Et c'est là que c'est plus difficile quand on est un jeune prof sans expérience.

    Évidement que des exceptions vont se présenter, il faut aussi y avoir pensé!

    Pour les trucs, chacun a les siens. Chaque école sa façon de faire. Et si cela peut paraître complexe vu de l'extérieur, une fois dedans, ils deviennent des réflexes et c'est à ce moment qu'ils allègent vraiment la tâche.

    Bonne gestion! (personnellement, certaines autres sortes de gestion me donnent plus mal à la tête)

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