dimanche 21 novembre 2010

Le fond du problème

La vie nous envoie parfois des signes. Le tout récent commentaire reçu alors que je suis depuis ce matin en pleine réflexion sur "changer ou ne pas changer de bac" en est-il un ? Je ne sais pas, mais en tous cas, j'me dis qu'il n'y a pas de hasard.

Arguments en faveur du bac primaire:


- parce que je m'y vois sérieusement enseigner. Je ne m'attendais pas à trouver l'apprentissage de la lecture et de l'écriture si passionnant. Je ne m'attendais pas non plus à découvrir le plaisir de transmettre les bases en mathématiques, sciences, univers social et l'importance de léguer un bagage solide à ces petits avant leur entrée au secondaire. J'étais la première à dire que je ne voulais pas aller au primaire par peur de devoir "materner". Je suis maintenant prête à monter au front dès qu'il s'agit de casser cette image. Non le primaire n'est pas fait pour les jeunes filles écervelées en plein boom d'instinct maternel.
- cours qui paraissent plus intéressants sur le papier
- diplôme disons "international". On trouve des écoles primaires partout et on y apprend souvent la même chose d'un pays à l'autre. Si un jour l'envie me prend de retrouver mes origines, ce sera -peut être- davantage reconnu. Rencontrer des gens tristes de ne pas voir grandir neveux et nièces et d'avoir à priver leur progéniture d'une partie de la famille fait toujours réfléchir à la possibilité de ...
- cours se donnant souvent le soir, laissant une plus grande place à la suppléance
- possibilité de partir en région plus facilement ? Parce que ça me tente.


Arguments en faveur du bac FLS:


- diplôme en juin 2013, alors qu'il faudrait presque tout recommencer si je change.
- le "petit plus" Mc Gill
- l'occasion de changer de "public". On peut enseigner au primaire, secondaire et aux adultes, de nouveaux défis à chaque fois..
- l'enrichissement personnel face aux différentes cultures  

- Résidence permanente dans deux ans, ça change la vie jusque là très galère d'un immigrant. La règle est la suivante: en tant qu'étudiants étrangers, nous avons le droit de demander ce Saint Graal nous offrant la vie de "monsieur et madame tout le monde" à six mois de l'obtention du diplôme. Les délais annoncés pour la recevoir sont d'un an. Or, les commissions scolaires n'embauchent pas de personnes sous le statut "temporaire" pour autre chose que de la suppléance occasionnelle. Si vous faites le calcul, ça veut donc tout simplement dire que je ne pourrai pas enseigner tout de suite après avoir gradué. Je vais aussi sans doute regarder, très frustrée, mes camarades de promo décrocher des remplacements en 3ème ou 4ème année.
Autant dire que ce statut, j'ai bien envie de le quitter au plus vite.

- l'apparente possibilité d'aller chercher un certificat pour m'orienter vers le primaire, si j'en ai toujours l'envie, après mon diplôme.



Ce matin, la raison a un peu plus de valeur qu'à l'habitude. J'ai devant moi les deux cheminements des bacs et je barre, surligne, entoure les cours. Je vois quelles sont les possibilités, combien de temps ça va me prendre, si celui-ci est intéressant, si celui là le semble moins. "Oh tiens, encore un cours basé sur du "par coeur".
J'ai déjà eu un échec à cause de ça, je n'en veux pas un deuxième.

Le fait est que j'ai un peu peur de rester en bac FLS. D'une part parce que je repousse les cours qui me font peur, du type "littérature" que j'ai méchamment planté, alors que j'aime les livres et les mots. Sauf que réciter par coeur des dates et des courants, je ne sais pas faire. Et c'est clairement ce que l'on nous demande durant les examens: réécrire "tel quel" ce que l'on nous a gentiment dit durant 12x3h de cours.
Ça c'est pour mon côté "étudiante pas ben ben sûre d'elle".
Et puis, l'enseignement en classe d'accueil est encore un gros inconnu pour moi et j'ai peur de ne pas être à la hauteur.
Ça c'est pour mon côté "future professionnelle pas ben ben sûre d'elle non plus".
Je ne m'explique pas pourquoi je me sens capable d'enseigner un théorème mathématiques ou la notion de mots et de syllabes à des petits réguliers, mais incapable de savoir quoi faire devant une classe d'allophones.
Quand je suis en cours de gestion de classe ou d'intégration des TIC, apparaissent systématiquement dans mon esprit des applications pour ma future classe de primaire régulier.
À aucune moment je ne me mets naturellement dans la peau d'une professeure de langue seconde.

Est-ce vraiment parce que ma place est au régulier ? Ou est-ce parce que je ne peux pas me mettre dans la peau de quelque chose que je ne connais pas ?

Je n'en sais fichtrement rien.

En tous cas, je viens de me rendre compte que je n'ai même pas cherché à aller voir ce qu'est une classe d'accueil au primaire. Sophie, votre commentaire me pousse à faire en sorte de remédier très vite à la situation. Et je vous en remercie.

2 commentaires:

  1. Vos «raisons» pour le FLS demeurent très rationnelles, tandis que vos «raisons» primaire semblent davantage tenir de l'intérêt et de la vocation. À quoi finir vite si ce n'est pas pour être heureuse au bout? Faites le saut. Changez. Vous serez soulagée d'avoir pris la décision qui vous convient. Et puis vaut mieux le faire maintenant que plus tard. Plus vous attendrez, plus vous perdez du temps.

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  2. Moi, ces propos à la fin m'ont interpellée : "apparaissent systématiquement dans mon esprit des applications pour ma future classe de primaire régulier.
    À aucune moment je ne me mets naturellement dans la peau d'une professeure de langue seconde."

    Il y a aussi des enseignants en français langue seconde au primaire non? Mais je crois que dans ces cas-là, c'est un bac en enseignement primaire qu'il vous faudrait.

    La suggestion de Sophie me semble bien pertinente. Et si cela ne vous convient pas, allez voir une autre classe, des fois que...

    Vous nous en donnerez des nouvelles?

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