vendredi 19 novembre 2010

Démotivation 101

Lundi.

L'apprentie se lève tôt. Elle pense aller au monitorat d'un cours de Syntaxe à 11h30 mais ne perd pas l'espoir d'un enseignant souffrant du lundi matin.

8h30, le téléphone est resté silencieux. Je sors donc cahiers et crayons: c'est dans la peau de l'étudiante que je serai aujourd'hui.

Mais la vie d'étudiante, j'la trouve bien ennuyeuse.
Prenons donc ce cours de syntaxe : matière difficile, à première vue, mais pas insurmontable. Je trouve même ça intéressant, bien que je ne vois pas d'application réelle pour le moment. Disons que ça nous permet de comprendre quelques points précis de grammaire et pourquoi certaines phrases complexes sont grammaticales et pas d'autres.
Juste de la culture personnelle, et une occasion d'avoir un peu de fierté quand, après avoir beaucoup travaillé sur un devoir corsé, on arrive à décrocher une bonne note. Et ce goût de bien faire et d'apprendre, c'est un des sentiments à transmettre aux élèves. Ce cours aura au moins eu le mérite de l'imager (et de me faire sentir un peu moins bête dans une conversation de linguistes).
Mais mon reproche est le suivant: pourquoi sommes-nous si "assistés" ?
J'veux dire.
On a déjà un cours de 3h sur la matière par semaine. La professeure envoie régulièrement des exercices et leurs corrigés. Tout est mis sur internet: notes de cours, TP, ... Nous avons un livre sur lequel le cours et basé que nous pouvons consulter. Et .. on nous offre, en plus, des monitorats 4 fois semaine. Autant dire que parfois, mon goût de l'effort naissant se transforme en goût de juste attendre que les réponses me viennent tout cuit dans l'bec.


Mercredi

Nous avons un cours "d'intégration des TIC". Chouette, moi qui travaille dans ce domaine, ce cours va être du bonbon. ERREUR.
Je ne sais même pas par où commencer tant ce cours n'est qu'une grosse mascarade. Je vais me contenter de vous donner le dernier travail de session en date: poster 2 billets par semaine sur un forum de discutions. Pour vous la faire courte, il suffit d'aller chercher 2 articles traitant des TIC sur internet par semaine et en faire un copier-coller. Voilà comment aller chercher 15% de la note finale.
Ça vous donne le goût de l'effort ça ? Moi non.
Vu le taux de participation active au cours et la polémique naissant autour de cette matière, ça ne le donne pas non plus à beaucoup de mes camarades.


Jeudi

Matin: didactique des arts plastiques. Passer une session à faire du collage, dessin, découpage et gribouillages, ce n'est pas ce que j'appelle un cours très "stressant". Si je m'en tenais au cours, je ne saurais toujours pas qui est Monet ou si Picasso n'est que le modèle d'une voiture européenne.
Goût de l'effort ? 0

Soir: une de mes rares amies de classe me dit: "J'm'ennuie". Et bah dans l'mille, moi aussi !
Pour autant, je n'ai pas une moyenne de A. Pourquoi ? Sans doute parce que je n'y mets pas non plus du mien.
Un exemple ? Un cours de la session dernière, cours auquel je n'ai jamais assisté. Le professeur nous envoyait ses notes par courriel et nous avions le droit de les emporter à l'examen. Allez en cours pour entendre ce que je peux lire tranquillement chez moi ? Non merci.

Résultat ? Dans toute la session j'ai dû passer 10h sur la matière -examen compris- et j'ai terminé avec un B.
Le goût de l'effort ? Non, là je ne l'avais vraiment pas et je n'ai aucune honte à dire que mon B j'en suis bien contente. Les $ qui sont entrés sur mon compte en banque parce que j'ai pu augmenter mes heures de travail grâce à cette session "tranquille", j'en étais encore plus heureuse.

Autre raison qui fait que je ne décroche que rarement des A: je suis toujours à côté de la plaque dans mes travaux de session. J'ai toujours plus de facilités dans des cours de maths ou de de linguistique parce que ces choses là sont universelles. 1+1 fera toujours 2 alors qu'une réflexion sur la gestion de classe non, les manières d'aborder le sujet sont multiples. Et je n'arrive pas à me mettre dans le rang.
Encore là, j'ai une petite anecdote pour vous.
Je rends un travail de session comptant pour 50% de la note. Autant dire qu'il ne faut pas se rater, d'autant plus que l'autre 50% je l'ai foiré. Disons que j'y ai mis le plus d'effort et de temps possible vu que cette fois, il le fallait. Fin de session, je vois sur mon bulletin que j'ai passé le cours de justesse, avec un C-.
Quelques temps plus tard, je récupère ma copie. Résultat: B+
Gros problème au niveau des citations, je n'utilise pas la manière conventionnelle et mon usage est "très déficient". Pourtant, un B+ m'est attribué.
En y regardant de plus près, j'aperçois sous mon B+ des traces de crayon à la mine. Je regarde mieux et aperçois un "C".

Pourquoi avoir gonflé autant ma note ? Pour me faire passer le cours ? Parce que les profs' se doivent d'obtenir des résultats ?

Je suis heureuse que ce système ait joué en ma faveur, parce que je ne pense pas que refaire ce cours ne m'aurait pas rendue meilleure enseignante. Mais c'est quand même frustrant et démotivant de savoir qu'on nous surévalue comme ça.

Vendredi

Congé aujourd'hui.
Profitons-en pour travailler ses cours.
Que me reste t-il à faire en cette fin de session ?

- Rapport de stage. Je ne suis qu'au jour 2, mais je sais déjà ce que je vais mettre dedans. Le fait est que ces 5 jours d'observation ne vont pas vraiment jouer dans mon choix de rester ou non dans ce domaine. Mon année dans une école secondaire, ma session d'enseignante de français aux adultes et mes journées de suppléance ont de quoi alimenter 10 rapports de stage s'il le faut. Allez, une heure ou deux et ce sera fait.

- Travail de session en gestion de classe. Enfin quelque chose de consistant. Bien que, encore une fois, ça ne va être que répéter ce qu'on a déjà vu et entendu, en citant un ou deux passages de livre.On aura eu 3 mois pour écrire une petite quinzaine de pages. Insurmontable vous croyez ?

Alors quand j'entends mes camarades de promo lancer des "j'en peux plus", "vivement la fin de session", "j'ai plus d'vie sociale", je ris doucement.
Cinq ou six cours c'est pas sorcier quand la moitié ne sont que des formalités.

3 commentaires:

  1. À quoi ressemble un cours de gestion de classe?

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  2. Ça ressemble à une joke. Nous devons «enseigner», pendant que des collègues jouent le rôle des élèves tannants. Très drôle. Ça ressemble à du théâtre.

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