mardi 22 février 2011

Mariage non consommé

Il y a quelques jours, la commission scolaire de la métropole me conviait à une séance d'engagement.

Une dizaine d'appels plus tard, j'avais enfin la liste des choses à leur fournir au complet. Au bout de 7 appels, j'ai conclu la chose en disant que je leur laisserai aussi ma salive, pour un test ADN.


Bref.

Après avoir commencé les démarches pour le rapatriement de vieux papiers que mes parents comptaient brûler pour finir l'hiver au chaud, j'ai reçu l'Appel.

"L'apprentie ? Ma responsable m'a dit qu'on ne prenait plus d'étrangers en visa temporaire pour de la suppléance. Par le passé, elle a pu constater qu'ils nous laissaient tomber facilement, ils n'étaient pas fiables."

Et de rajouter.

"Par contre, quand tu seras diplômée et permanente ici, recontactes-moi."

Mébiensûr.

En tous cas, maintenant je suis fixée, je reste bel et bien dans ma commission scolaire bien aimée.

De toute façon, ce mois-ci, elle ne m'a laissé que 2 jours de congé.

jeudi 17 février 2011

Retour vers le futur...

Souvenez-vous, je faisais mes premiers pas dans mon école des beaux quartiers il y a de ça 3 mois.

De cette mauvaise expérience, j'en avais fait un billet.

Et bien figurez-vous que ce matin, j'ai retrouvé cette même classe.
Mes petits turbulents à la sauce arrogants.
Ce matin, leur professeure me laissait dans son billet "Attention, c'est une classe agitée.".
Ah bah ma p'tite dame ça, je l'sais!

Sauf que...

J'ai passé une belle matinée.

Mes multiples journées au préscolaire (à vrai dire, j'ai l'impression d'y passer ma vie) ne sont pas étrangères à cette nette amélioration au niveau de la gestion de classe. Avec les petits, j'ai appris à rester ferme, à être tout le temps sur le qui-vive et, surtout, à tout anticiper et poser les règles.
Peu à peu, je laisse de plus en plus de place pour l'enseignement et je commence à réussir à organiser et mener correctement à bien les activités.

Il y a 3 mois, j'étais trop occupée à faire revenir le calme pour remarquer le petit sur le côté et ses difficultés.
Il y a 2 mois, je n'étais pas capable de le voir lui, qui n'avait pas fait son exercice et même pas pris la peine de recopier les réponses au tableau.
J'avais l'impression d'avoir un milliard de choses à gérer en même temps et de ne pas vraiment "être là".

Petit à petit, l'oiseau fait son nid, le métier rentre et je me sens de plus en plus prof', de moins en moins surveillante.

Bref, je ne suis toujours pas sortie de ma période d'euphorie post-suppléanniversaire.

vendredi 11 février 2011

On change de camps ?!

Quoi de mieux qu'une journée pédagogique pour se pencher sur mon inscription à la commission scolaire de la métropole ?

Voyez-vous, je suis une suppléante plutôt comblée.
Je travaille 3, 4, 5 jours semaine, je suis "l'exclusive" de certains professeurs et voilà maintenant 2 fois qu'on me parle de contrat.
Je m'installe, je fais mon trou, j'ai le sourire en entrant, je l'ai toujours en sortant et j'ai envie d'y retourner le lendemain.
Tout est beau, tout va bien.

Sauf que, je suis une fille. Et une fille, c'est compliqué.


J'aime le changement.

C'est indéniable, il faut que ça bouge sans cesse si je ne veux pas tomber dans un ennui qui me mine le moral.
Pourtant, je me vois volontiers accepter un contrat dans la première école qui m'a accueillie voilà quelques mois. Dans 10 ans, pour sûr que j'aimerais m'y voir permanente.
Mais pour le moment, j'aime tellement ma condition de suppléante...
À chaque nouvelle classe, chaque nouvelle école que vous découvrez, c'est un petit noeud au ventre qui se forme. À chaque fin de journée, c'est un sourire qui se dessine et la hâte de connaitre la prochaine expérience à venir.
Des expériences, ma commission scolaire actuelle m'en offre beaucoup, mais malheureusement loin de mon nouveau chez moi. Et même si la distance ne m'effraie pas pour me rendre dans mes deux écoles fétiches, elle me gène un peu plus quand il est question d'aller dans de nouveaux établissements.

C'est donc tout naturellement qu'en cette journée de chômage pédagogique , je décide d'aller m'incrire à la grande commission scolaire de la métropole -que j'aurais envie de renommer "commission scolaire bien compliquée"-
En fait non, il s'agit plutôt de les relancer quant à l'étude d'un dossier que j'ai déposé voilà 2 mois.

Au téléphone, on m'annonce sur un ton pas très agréable: "Madame X est partie à la retraire en décembre".
Ah bah pas étonnant que mon dossier n'avançait pas.

Je transmets donc de nouveau le tout à la nouvelle madame et je reçois un courriel quelques heures plus tard:
  
"Vous serez invitée à une séance d'engagement sous peu"

Une séance.. de quoi ??
Puis d'abord, moi, j'suis une fille qui s'engage pas.

mardi 1 février 2011

Joyeux suppléanniversaire !

Quatre mois, ou presque.

C'était le 5 octobre 2010, j'étais toute fébrile à l'idée d'entrer pour la première fois dans une école primaire québécoise.
J'en suis ressortie avec, certes, quelques doutes, mais j'étais confortée dans le choix que j'avais fait. Cette classe de 1ère année, je m'en souviendrai très longtemps. J'ai toujours leurs visages en tête et leur école est devenue très vite ma préférée.

En quatre mois, j'ai vu un millier d'élèves et j'ai bien plus appris qu'en un an et demi de cours.
Je sais maintenant ce que sont les "casiers", les "duo-tang". Comment se passe une collation, les surveillances de récréation, le système des bus scolaire, bien que tout ça soit propre à chaque école.

Nous sommes maintenant le 1er février 2010. Je ne travaille plus que pour deux écoles et pour cause: à elles deux, je suis déjà à temps plein.
1er février 2010, une journée comme le autres ou presque.
Je vais vous la conter:

7h30 - je pars de mon nouveau chez moi que je n'ai toujours pas eu le temps d'installer correctement. Je pensais le faire ce matin mais non, un appel de dernière minute pour de la suppléance à l'école 1 pour la matinée.

8h15 - Je retrouve des 3ème année que j'ai eus la semaine dernière. Je suis contente, je les aime bien.

8h20 - Je m'équipe d'un système de microphone pour un élève malentendant

11h15 - Les jeunes sont lâchés, ils ont été très dissipés (neige à l'horizon?)

12h15 - J'arrive en courant à école numéro 2. La suppléance était prévue depuis longtemps. J'me suis faite une petite place dans cette école et je négocie mes remplacements avec les profs' directement.

12h30 - Je retrouve les maternelles 4 ans. Un groupe "difficile" avec quelques fortes têtes et d'autres qui ne parlent et ne comprennent pas le français. Je fais les gros yeux lors de la sieste pour poser les limites, le calme revient et on peut faire notre activité tranquillement par la suite.

14h15 - J'entends une alarme. Ce n'est pas la cloche pour les cours, c'est autre choses. Oupssssssss c'est l'alarme incendie. Vite vite vite les amis, on prend son rang !

14h17 - Les "amis" ont pris leur rang avec difficulté. "Madmoizelle, faut y aller". Un deux trois ... quinze c'est bon, j'ai l'compte ! Je récupère le p'tit caché sous la table et hop, on part dans le froid sans manteau et avec ses petits souliers.

14h19 - On est dehors, les couvertures de survie sont dépliées. Difficile de garder les jeunes calmes là dessous.

14h30 - Fausse alerte, on rentre !

14h50 - Je lâche les fauves dans les corridors. Ils étaient intenables après cette sortie dans le froid. L'habillage en maternelle, je ne l'ai pas encore bien intégré et je regarde mes collègues d'un jour (et plus) en leur tirant mon chapeau.
Les enseignants en maternelle sont souvent vus comme de simples gardiens. À ceux qui pensent que leur travail s'arrête à ça, je les mets au défi d'aller y passer une journée. Je ne me sens vraiment pas compétente avec cette tranche d'âge, mais c'est un travail passionnant.

14h51 - Le directeur de l'école numéro 2 s'approche de moi. C'est le moment où une petite a décidé de venir me tirer dans le pantalon pour me dire que "Il m'a pris mes mitaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiines" . Monsieur me dit que ce n'est pas le bon moment pour me parler et me convie dans son bureau (oups?)

15h00 - Le dernier petit est parti, j'attrape mon cellulaire pour regarder l'heure. Un message sur la boite vocale "L'apprentie, c'est école numéro un. T'es là demain matin ?" Le message date d'il y a 2h, ils ont dû trouver quelqu'un d'autre. Ça m'arrange, je ne saurais pas leur dire non et j'ai une sortie avec mes étudiants universitaires à 13h. Puis j'ai envie de ma première grasse matinée depuis 3 semaines.

15h04 - Je toque au bureau du grand chef. "L'apprentie, t'as fini tes études toi ? Non ? T'es sous contrat ? Non ? Bon, j'en ai un pour toi alors ..."


16h00 - J'entre dans le métro. Je me laisse transporter et ça laisse le temps de penser. Arf', j'ai encore oublié mon cours du jour ! Ma vie étudiante est vraiment à la dérive.
Dois-je accepter ce contrat ? Et école numéro 1, j'ai pas envie de la quitter non plus.
Les portes s'ouvrent, une dame s'assoit à côté de moi. Tiens, bonjour !
C'est une semi-étudiante de ma cohorte, qui fait partie des "anciens" (comprendre non sortant du Cegep). Elle m'explique qu'elle fait de la suppléance et me met en garde: attention, tu vas lâcher tes études si tu travailles trop.
Je lui parle de ce contrat qu'on me donne et de mes doutes. On se laisse à la prochaine station sur ces mots ...

16h30 - Je refais surface. Oups, faut que j'appelle école numéro 1.
"Oui, c'est l'apprentie. C'était juste un retour d'appel. Vous avez trouvé quelqu'un ?"
Réponse: "Ben non, j'attendais ton appel avant de chercher une autre personne!"

16h50 - De retour à la maison, je teste enfin mes beaux fauteuils tous neufs. Je note dans mon agenda "Suppléance 2 février AM 2ème année", bah oui j'ai pas pu dire non. J'aime beaucoup école numéro 1, même si les débuts ont été difficiles. Je vais encore manger sur le pouce dans le métro demain midi et arriver en courant . Mais je m'en fiche, je ne laisserais ma place pour rien au monde!

17h00 - Je regarde mes courriels. Réponse à une entrevue dans un cegep que j'avais passée il y a quelques temps "Tu commences la semaine prochaine, enseignement du français niveau 3". Ah bah oui, mais non. Accepter emploi numéro 4 n'est pas envisageable.

17h30 - Message texte: "On révise ensemble pour les examens?"
Je me rends compte que j'ai manqué 90% des cours. Prof' 1 est au courant pour mon travail et semble ne pas m'en tenir rigueur. Prof' 2 m'a clairement dit que ma présence n'est pas obligatoire. Prof' 3 tire un peu plus la tronche et je sais qu'elle ne va pas être tendre dans ses corrections.
Le pire regard vient de mes collègues étudiants.  J'ai un peu l'impression d'être un paria et d'entendre "elle est encore là celle-là ?" me fait sourire. 
Mais si je veux toujours pouvoir en rire, il faut que je me reprenne. Et vite!

18h00 - Je me mets à bloguer, ça faisait longtemps et là j'ai besoin d'une soupape. L'entourage est un peu tanné d'entendre mes histoires d'apprentie-prof'. Je me demande d'ailleurs combien de couples ont été mis en péril par ce métier !

Je relis un peu mes anciens billets. En quatre mois, que de chemin parcouru. À la même date il y a un an, je voulais refaire mes valises pour la France. Difficile d'être seule, loin et de ne pas s'accomplir dans ses études, sa vie sociale et son travail.
Le frère s'en vient dans quelques jours, premier membre de la famille à faire la traversée. Ça va être quelque chose!
Au retour, il pourra apporter la bonne parole: c'est une apprentie heureuse et comblée qu'il a retrouvée. Et on comptera bientôt un professeur de plus dans la famille.
Je le souhaite fort fort fort !