mardi 30 novembre 2010

Mots (maux?) d'ado

"Hey, tu reviens de l'école là ? T'es en secondaire IV non ? J'habite pas loin, juste là, et toi ? Bon, la prochaine fois que j'te vois, je t'invite.
 Et sinon, t'as un facebook ?"
 [Jeune homme de Secondaire 4, tout au plus]
 
C'est assez drôle de voir à quel point les gens ont du mal à me donner un âge. 20 ans ? 25 ans ? 28 ans ? Parfois même 30.

Là j'avoue que secondaire 4, c'est une première !

Je jubile à l'idée de me retrouver peut être un jour à faire de la suppléance dans la classe de ce jeune là
Ce serait drôle, non ?

lundi 29 novembre 2010

"I have a dream"

Aujourd'hui, c'était collecte de données dans une école de la commission scolaire du bout du monde.
Ma foi, j'aime pas mal ça puisque ça me fait sortir de la grande métropole.

Le déroulement est simple:
Participants: classes de 4ème, 5ème et 6ème année.
Lieu: local informatique
Principe: prendre en charge la classe pour faire passer un questionnaire par ordinateurs aux élèves (moitié de classe) et occuper l'autre moitié. L'enseignant est ainsi libéré et peut tranquillement répondre à l'étude. 

En général, ces élèves du bout du monde sont quelque peu -hum- disons dissipés ...

Ce matin, je vais donc chercher la première classe, des 5ème années. Je me présente, leur demande de prendre de quoi s'occuper et les convie à prendre leur rang.
Toutes mes consignes sont exécutées à la perfection et je passe une période exquise. Vous savez, pas celle où les élèves se tiennent tranquilles et un minimum attentifs pour éviter les conséquences d'une mauvaise conduite non, celle où vous avez l'impression que l'on vous écoute vraiment et qu'il y a un véritable échange.

"C'est sans doute l'effet d'un bon professeur à la tête d'un bon groupe", me dis-je.

Et bien figurez vous que les périodes suivantes se sont déroulées de la même façon. Le sentiment de sérénité est permanent dans cette école. Pas un bruit dans les corridors, des élèves calmes et souriants. Pour s'occuper, ils ont pris d'eux même de la lecture et ... des exercices de mathématiques ou de grammaire!

À un moment, une petite me demande pour sortir (mon côté suppléant me crie que c'est sûrement un "j'dois aller faire pipi", prétexte bien connu pour aller faire un p'tit tour dans les corridors)
Et bien non, elle voulait retourner dans sa classe pour ... aller chercher son Bescherelle !

Je suspecte donc le directeur de déverser du ritalin dans le système d'aération.
Nan parce que l'on dépeint l'éducation d'une façon parfois si noire que les élèves calmes et studieux, on aime nous faire penser que ce n'est qu'une utopie, et que de toute façon c'est dépassé.

Nan parce qu'en plus, ils étaient agréables et autonomes, ces jeunes là.

Incroyable, non ? ;-)

vendredi 26 novembre 2010

Tadam!

La vie est parfois bien faite: j'ai finalement eu ma suppléance !

Le verglas ayant eu raison de la commission scolaire du bout du monde, mon travail pour le projet de recherche a été annulé.

À 7h du matin, je laissais alors un message à l'école X, qui m'avait appelée la veille, pour leur signaler ma -totale disponibilité allez rappelez-moi siouplait-

Et .. bingo ! On m'a demandé d'arriver sur place dès que possible. J'ai ainsi pu découvrir les joies d'une classe de 2ème année un vendredi par temps de neige. Et la rumeur disait vrai, je suis exténuée.
Mais je suis vraiment heureuse, je voulais tellement voir de quoi avait l'air cette école. Par soucis d'un minimum d'anonymat (ahem), je ne vais pas en dévoiler trop sur cet établissement . Je peux juste vous dire que c'est une de ces écoles publiques à vocation particulière offrant une alternative au privé. 

Difficile de juger en quelques heures, j'ai donc laissé de nouveau mon nom à la secrétaire pour d'autres journées. Je suis maintenant officiellement sur leur liste de suppléant qui, croyez-moi, est très très longue.
J'ai d'ailleurs croisé un autre collègue qui venait déposer son C.v.
Quand je vous disais que les temps sont durs et la concurrence féroce ...

J'ai plein de beaux billets à vous partager, mais pour le moment c'est la fin de semaine qui commence.
Allez, cette fois l'apprentie va tenter de totalement déconnecter du monde enseignant et relâcher un peu avant une grosse semaine qui s'en vient. Comme un gentil monsieur me l'a fait remarquer, je pense, parle, vie un peu trop enseignant en ce moment. Alors hop, mon défi pour les deux jours à venir et de décrocher, pour de vrai.
Va t-elle y arriver ?

Bonne fin de semaine.

jeudi 25 novembre 2010

La suppléance, ce monde cruel

"Bonjour, ici l'école X. J'ai un remplacement pour vous demain toute la journée".

Tous les conjoints ou colocs' doivent connaitre ce grand cri de frustration que pousse le professeur suppléant quand le téléphone, d'habitude si silencieux, sonne pour lui offrir du travail qu'il ne pourra pas accepter pour diverses raisons.
Ce soir, j'ai décidé d'épargner quelques oreilles et d'user quelques yeux.

D'une école à l'autre, je commence à comprendre comment fonctionne la suppléance et comment décrocher de plus en plus de journées. La concurrence a l'air féroce en ce moment, et quand dans mon cours de ce soir on me parle de "pénurie entrainant des offres de postes à l'année à des étudiants de 4ème année", j'ai envie de lancer un: "Han ouais ?"

Pénurie ceci, papy boom cela, c'est assez drôle de voir à quel point l'idée d'une entrée facile sur le marché du travail germe dans la tête de mes camarades. Ils s'imaginent déjà en poste à plein temps à la sortie des quatre ans. Avec le manque d'enseignants, ils se voient déjà crouler sous la demande ...

"Ah, et puis y a même pas besoin du TECFÉE pour la suppléance. Il manque tellement de monde qu'ils prennent n'importe qui. Tu y vas le matin même, l'après midi tu es devant une classe".

Ah bah oui, c'est avec ce genre de discours que l'image de la profession va s'améliorer, c'est certain.

Et bien non, chers lecteurs, ne devient pas suppléant qui le veut. Depuis cette année (d'après une secrétaire d'école qui a dû revoir sa banque de suppléants suite à la demande de la commission scolaire), l'entrée dans ce beau monde est plus difficile. Il ne suffit plus d'être titulaire d'un bac en sciences pour les enseigner, non.
Dans ma commission scolaire, on m'a demandé le TECFÉE, mon C.v et un minimum de crédits universitaires pour du remplacement occasionnel. Mon dossier étant jugé recevable, il a fallu aller se présenter aux directions d'écoles avec C.v en main, parce qu'eux aussi font leur propre sélection.
C'est ainsi qu'avec un peu de chance, et beaucoup de "non" de la part des autres suppléants, votre nom arrive en tête de liste. Souvent, si on vous appelle et que vous n'êtes pas disponible, il redescend illico.

C'est ainsi que ce soir, j'ai perdu une chance d'intégrer la banque des suppléants testés et approuvés d'une école que je convoitais. Parce que demain, j'ai déjà dit oui pour de la recherche dans une école du bout du monde (comprendre la lointaine banlieue ... *Ahem*).
Ainsi, un autre suppléant prend ma place et, s'il convient, sera dans la "hot list" des gens à appeler en premier.

Mon école préférée compte me garder, mais en ce moment leurs besoins ont une fâcheuse tendance à coïncider avec mes périodes de non disponibilité.
Je ne compte plus sur les appels de ma commission scolaire actuelle pour travailler. En 3 mois, j'ai eu une seule fois un répartiteur au téléphone. J'ai dû dire non, je n'ai plus jamais eu d'appel.

De là, j'en reviens à mon idée d'aller voir du côté de la CS2.
Oui, mais madame commission scolaire est très précise dans ses attentes et m'a tout simplement refusée. Pas assez de crédits universitaires, qu'il parait. Mon expérience n'y fera rien, "revenez avec 12 crédits de plus, et vous pourrez embarquer".

J'vois pas vraiment ce que 12 crédits vont changer à ma vie, mais c'est la règle.

Y a des jours où j'me dis que j'aurais dû rester dans le doux monde des étudiants totalement naïfs et ne pas avoir l'ambition de vouloir vivre au plus tôt de ce que j'aime faire. Parce que non, chers étudiants, on ne vient pas me supplier d'aller remplacer. Chaque journée de suppléance cache des heures d'envoi de C.v, relances et de nombreux réveils matinaux pour ... rien. Un bon lot de stress aussi, puisqu'à chaque fois que vous vous engouffrez dans le métro, vous avez cette appréhension du "je suis certaine qu'on va m'appeler durant mes 20mn de trajet sous terre, et je vais ainsi passer à côté d'une journée de travail". Et BAM!, pas manqué. En vous rendant à la bibliothèque, vous venez de dire au revoir à votre seule occasion de la semaine.


Bienvenue dans la réalité mes amis !

mercredi 24 novembre 2010

Vie privé, fonds publics

Ce n'est pas un secret, je suis foncièrement pour l'école publique. J'y suis allée, j'y travaille et mes enfants la fréquenteront. J'ai une entière confiance, et beaucoup d'espoir, en cette institution et en ceux qui la font tourner (excluant les HAUTES instances. Mais n'entrons pas dans la polémique).


Il y a quelques semaines, une offre d'emploi est apparue sur le web. Un collège privé cherchait à refaire sa banque de suppléants. Je postule.
On me demande de me présenter à l'école. J'entre dans le bureau de la directrice, qui inscrit mon nom sur sa liste 3 minutes plus tard. "Quand on vous appellera pour la première fois,  ramenez votre NAS". Et le tour était joué (pas ben ben difficiles dans leurs recrutements eux ...)
On m'appelle une fois, puis deux. Je dis non: le devoir m'appelle ailleurs. Puis hier, bingo! Je n'ai rien de prévu cet après-midi, j'veux bien embarquer. Bah oui, il ne faut pas mourir bête et il faut bien que j'aille voir à quoi ça ressemble en vrai, le privé.

Le collège X est donc un établissement privé, agrée par le MELS à des fins de subventions. Monsieur et madame toulemonde devront débourser pas moins de 3000$ par an pour y voir évoluer leur progéniture.

À ce tarif là, j'ai prévu du travail personnel histoire de me trouver de quoi faire quand mes merveilleux et studieux secondaires III d'une période, tous habillés pareil, travailleront calmement leur devoir de sciences.

Oui, l'apprentie est encore très naïve ...

J'arrive donc sur le lieu du crime. On m'accueille plutôt bien, même bien mieux que partout ailleurs. Je n'ai pas ce sentiment d'être la suppléante qui doit se faire toute petite dans un coin. Est-ce moi qui prend de l'assurance ou ces collègues d'un jour qui sont plus sympas que d'autres ?
En tous cas, on m'intègre illico dans la salle des profs'.
Je passe devant le bureau de la conseillère pédagogique et me présente.  "Tu es la nouvelle suppléante ? Oh attends tiens, prends ce chocolat. Tu le mériteras après la période, crois-moi !".
Oups, là je crois que je commence à sentir le piège se refermer sur moi ...


Effectivement, je commence à me douter de la suite des évènements en entrant dans la salle de classe. Que dis-je ? Du placard qui fait office de salle prète à accueillir les ... 33 élèves.
Oui oui, 33. Trente trois secondaires trois (était-ce pour la rime ?).

Mon premier "à priori" sur l'école privé tombe: non, les effectifs ne sont pas réduits.
Dans le même temps, le second part aux oubliettes aussi: non, les locaux ne sont pas forcément mieux non plus. 

La cloche sonne, j'attends les étudiants sur le pas de la porte avec comme seule arme mon sourire et des "bonjour".


Les 10 premières minutes ont été très sportives: pas moyen d'avoir le calme, ça discutait, ça rigolait. On m'a observée, disséquée, questionnée.
"Madame, c'est la première fois que vous v'nez ici hein?"
"Madame, d'habitude on a le droit de..."
"Psssttt psssttt Amed, j'suis sûre qu'elle est française"
"Psssttt j'te dis qu'elle est pas prof' de sciences".

Mais moi aussi, j'observais et je disséquais, calmement et sans dire un mot. ... Ce que j'aime au secondaire, ce sont ces étudiants plein d'énergie qui vont vous pousser dans vos retranchements alors qu'au fond, ils ne demandent qu'à avoir devant eux un professeur qui garde le contrôle.

Je ne vais pas vous raconter l'après-midi entière, mais pour vous donner une petite idée de la suite, le chocolat est toujours dans mon sac. Je n'y ai pas touché.

J'aimerais ça y retourner. Creuser un peu plus pour chercher où passent ces 3000$ par année, et la partie subventionnée...

dimanche 21 novembre 2010

Le fond du problème

La vie nous envoie parfois des signes. Le tout récent commentaire reçu alors que je suis depuis ce matin en pleine réflexion sur "changer ou ne pas changer de bac" en est-il un ? Je ne sais pas, mais en tous cas, j'me dis qu'il n'y a pas de hasard.

Arguments en faveur du bac primaire:


- parce que je m'y vois sérieusement enseigner. Je ne m'attendais pas à trouver l'apprentissage de la lecture et de l'écriture si passionnant. Je ne m'attendais pas non plus à découvrir le plaisir de transmettre les bases en mathématiques, sciences, univers social et l'importance de léguer un bagage solide à ces petits avant leur entrée au secondaire. J'étais la première à dire que je ne voulais pas aller au primaire par peur de devoir "materner". Je suis maintenant prête à monter au front dès qu'il s'agit de casser cette image. Non le primaire n'est pas fait pour les jeunes filles écervelées en plein boom d'instinct maternel.
- cours qui paraissent plus intéressants sur le papier
- diplôme disons "international". On trouve des écoles primaires partout et on y apprend souvent la même chose d'un pays à l'autre. Si un jour l'envie me prend de retrouver mes origines, ce sera -peut être- davantage reconnu. Rencontrer des gens tristes de ne pas voir grandir neveux et nièces et d'avoir à priver leur progéniture d'une partie de la famille fait toujours réfléchir à la possibilité de ...
- cours se donnant souvent le soir, laissant une plus grande place à la suppléance
- possibilité de partir en région plus facilement ? Parce que ça me tente.


Arguments en faveur du bac FLS:


- diplôme en juin 2013, alors qu'il faudrait presque tout recommencer si je change.
- le "petit plus" Mc Gill
- l'occasion de changer de "public". On peut enseigner au primaire, secondaire et aux adultes, de nouveaux défis à chaque fois..
- l'enrichissement personnel face aux différentes cultures  

- Résidence permanente dans deux ans, ça change la vie jusque là très galère d'un immigrant. La règle est la suivante: en tant qu'étudiants étrangers, nous avons le droit de demander ce Saint Graal nous offrant la vie de "monsieur et madame tout le monde" à six mois de l'obtention du diplôme. Les délais annoncés pour la recevoir sont d'un an. Or, les commissions scolaires n'embauchent pas de personnes sous le statut "temporaire" pour autre chose que de la suppléance occasionnelle. Si vous faites le calcul, ça veut donc tout simplement dire que je ne pourrai pas enseigner tout de suite après avoir gradué. Je vais aussi sans doute regarder, très frustrée, mes camarades de promo décrocher des remplacements en 3ème ou 4ème année.
Autant dire que ce statut, j'ai bien envie de le quitter au plus vite.

- l'apparente possibilité d'aller chercher un certificat pour m'orienter vers le primaire, si j'en ai toujours l'envie, après mon diplôme.



Ce matin, la raison a un peu plus de valeur qu'à l'habitude. J'ai devant moi les deux cheminements des bacs et je barre, surligne, entoure les cours. Je vois quelles sont les possibilités, combien de temps ça va me prendre, si celui-ci est intéressant, si celui là le semble moins. "Oh tiens, encore un cours basé sur du "par coeur".
J'ai déjà eu un échec à cause de ça, je n'en veux pas un deuxième.

Le fait est que j'ai un peu peur de rester en bac FLS. D'une part parce que je repousse les cours qui me font peur, du type "littérature" que j'ai méchamment planté, alors que j'aime les livres et les mots. Sauf que réciter par coeur des dates et des courants, je ne sais pas faire. Et c'est clairement ce que l'on nous demande durant les examens: réécrire "tel quel" ce que l'on nous a gentiment dit durant 12x3h de cours.
Ça c'est pour mon côté "étudiante pas ben ben sûre d'elle".
Et puis, l'enseignement en classe d'accueil est encore un gros inconnu pour moi et j'ai peur de ne pas être à la hauteur.
Ça c'est pour mon côté "future professionnelle pas ben ben sûre d'elle non plus".
Je ne m'explique pas pourquoi je me sens capable d'enseigner un théorème mathématiques ou la notion de mots et de syllabes à des petits réguliers, mais incapable de savoir quoi faire devant une classe d'allophones.
Quand je suis en cours de gestion de classe ou d'intégration des TIC, apparaissent systématiquement dans mon esprit des applications pour ma future classe de primaire régulier.
À aucune moment je ne me mets naturellement dans la peau d'une professeure de langue seconde.

Est-ce vraiment parce que ma place est au régulier ? Ou est-ce parce que je ne peux pas me mettre dans la peau de quelque chose que je ne connais pas ?

Je n'en sais fichtrement rien.

En tous cas, je viens de me rendre compte que je n'ai même pas cherché à aller voir ce qu'est une classe d'accueil au primaire. Sophie, votre commentaire me pousse à faire en sorte de remédier très vite à la situation. Et je vous en remercie.

samedi 20 novembre 2010

Gestion de classe 101

Monsieur masqué, vous m'avez demandé en quoi consiste notre cours de "gestion de classe". Ce cours vaut, pour moi, plus qu'un simple commentaire. J'en ferai donc un article.

Gestion de classe en FLS, cours de ce début de seconde année.
Premier cours auquel je vois des applications directes. Second où je prends réellement plaisir à aller.

Il se divise comme suit:

- Une première partie où l'on nous présente des sortes de "trucs et astuces" et une marche à suivre: comment instaurer sa routine, faire partir un travail d'équipe ou encore donner une leçon de grammaire.
Tout ceci reste très en surface, mais le professeur sait faire la différence grâce à ses anecdotes personnelles. Et puis, il aime son métier ce monsieur, et ça parait !


- Une seconde partie sous forme de "plénière", animée par un des étudiants de la cohorte. Nous traitons d'une question (ex: organisation des tables de travail) individuellement, puis en groupe.

Cette semaine, nous avons fait des "mises en situation". 3 étudiants ont été choisis pour jouer le rôle de l'enseignant. Les autres étaient les élèves.
Nous avons beaucoup ri, et certains se sont découvert des talents d'acteur. Mais a-t-on appris ? Je ne sais pas.
Le problème, voyez-vous, c'est qu'à force de nous faire dire que "dans la réalité, ce n'est pas comme ça", on s'y perd. Selon notre professeur, une routine bien instaurée = la tranquillité toute l'année. Je pense que c'est un peu nous donner de la poudre de perlimpinpin. Parce que dès que l'on pose une question du type "Oui mais si un élève fait ...", on nous répond systématiquement "Si vous instaurez une bonne gestion de classe dès le début de l'année, ça n'arrivera pas".
Han ouais ?

On nous a diffusé un film français, à savoir "Entre les murs", en cours. Pour ceux qui ne l'on pas vu, il traite de la situation difficile des écoles en "ZEP", zone d'éducation prioritaire. On y voit des élèves très irrespectueux, et une situation vraiment tendue et difficile.
Conclusion de notre prof': "En X années de métier, je n'ai jamais vu ou entendu de cas semblables. N'oubliez pas que c'est un film.
Dans ma courte expérience au secondaire, je me suis faite insulter, j'ai esquivé un coup de poing et j'ai dû aller au secours d'une professeure d'anglais en pleurs après que ses élèves aient décidé de faire de la porte d'entrée une cible pour leurs paires de ciseaux.
Dernièrement, on a brulé la voiture d'un de mes anciens collègue et un jeune a sauté du second étage.
Et je ne travaillais pas dans un établissement classé ZEP...

Vos jeunes sont-ils si dociles au Québec ? J'ai un peu de mal à y croire après mettre fait dire par un petit, pas plus haut que 3 pommes, que "c'est pas moi qui décide". S'il n'est pas cadré, il devrait être pas mal au secondaire celui là ...

Voilà le plus gros reproche que je peux faire à ce cours. Un peu trop "tout va bien aller, vous allez voir, suffit d'assurer au début et ça va rouler". Pis en FLE, les élèves sont pas ben ben compliqués ...
J'aurais aimé savoir comment je dois - et surtout ne dois pas - réagir quand un jour un jeune va me tenir tête. Mais je sais maintenant que ce n'est, encore une fois, pas l'université qui va me l'apprendre.

Oh, et puis, j'ai au moins la chance de mettre en pratique les petits conseils de notre professeur quasi de suite. Mais pour les étudiants ne se sentant "pas prêts" à suppléer, il leur faudra attendre le stage deux pour côtoyer des élèves.

En mai 2011 ...

vendredi 19 novembre 2010

Démotivation 101

Lundi.

L'apprentie se lève tôt. Elle pense aller au monitorat d'un cours de Syntaxe à 11h30 mais ne perd pas l'espoir d'un enseignant souffrant du lundi matin.

8h30, le téléphone est resté silencieux. Je sors donc cahiers et crayons: c'est dans la peau de l'étudiante que je serai aujourd'hui.

Mais la vie d'étudiante, j'la trouve bien ennuyeuse.
Prenons donc ce cours de syntaxe : matière difficile, à première vue, mais pas insurmontable. Je trouve même ça intéressant, bien que je ne vois pas d'application réelle pour le moment. Disons que ça nous permet de comprendre quelques points précis de grammaire et pourquoi certaines phrases complexes sont grammaticales et pas d'autres.
Juste de la culture personnelle, et une occasion d'avoir un peu de fierté quand, après avoir beaucoup travaillé sur un devoir corsé, on arrive à décrocher une bonne note. Et ce goût de bien faire et d'apprendre, c'est un des sentiments à transmettre aux élèves. Ce cours aura au moins eu le mérite de l'imager (et de me faire sentir un peu moins bête dans une conversation de linguistes).
Mais mon reproche est le suivant: pourquoi sommes-nous si "assistés" ?
J'veux dire.
On a déjà un cours de 3h sur la matière par semaine. La professeure envoie régulièrement des exercices et leurs corrigés. Tout est mis sur internet: notes de cours, TP, ... Nous avons un livre sur lequel le cours et basé que nous pouvons consulter. Et .. on nous offre, en plus, des monitorats 4 fois semaine. Autant dire que parfois, mon goût de l'effort naissant se transforme en goût de juste attendre que les réponses me viennent tout cuit dans l'bec.


Mercredi

Nous avons un cours "d'intégration des TIC". Chouette, moi qui travaille dans ce domaine, ce cours va être du bonbon. ERREUR.
Je ne sais même pas par où commencer tant ce cours n'est qu'une grosse mascarade. Je vais me contenter de vous donner le dernier travail de session en date: poster 2 billets par semaine sur un forum de discutions. Pour vous la faire courte, il suffit d'aller chercher 2 articles traitant des TIC sur internet par semaine et en faire un copier-coller. Voilà comment aller chercher 15% de la note finale.
Ça vous donne le goût de l'effort ça ? Moi non.
Vu le taux de participation active au cours et la polémique naissant autour de cette matière, ça ne le donne pas non plus à beaucoup de mes camarades.


Jeudi

Matin: didactique des arts plastiques. Passer une session à faire du collage, dessin, découpage et gribouillages, ce n'est pas ce que j'appelle un cours très "stressant". Si je m'en tenais au cours, je ne saurais toujours pas qui est Monet ou si Picasso n'est que le modèle d'une voiture européenne.
Goût de l'effort ? 0

Soir: une de mes rares amies de classe me dit: "J'm'ennuie". Et bah dans l'mille, moi aussi !
Pour autant, je n'ai pas une moyenne de A. Pourquoi ? Sans doute parce que je n'y mets pas non plus du mien.
Un exemple ? Un cours de la session dernière, cours auquel je n'ai jamais assisté. Le professeur nous envoyait ses notes par courriel et nous avions le droit de les emporter à l'examen. Allez en cours pour entendre ce que je peux lire tranquillement chez moi ? Non merci.

Résultat ? Dans toute la session j'ai dû passer 10h sur la matière -examen compris- et j'ai terminé avec un B.
Le goût de l'effort ? Non, là je ne l'avais vraiment pas et je n'ai aucune honte à dire que mon B j'en suis bien contente. Les $ qui sont entrés sur mon compte en banque parce que j'ai pu augmenter mes heures de travail grâce à cette session "tranquille", j'en étais encore plus heureuse.

Autre raison qui fait que je ne décroche que rarement des A: je suis toujours à côté de la plaque dans mes travaux de session. J'ai toujours plus de facilités dans des cours de maths ou de de linguistique parce que ces choses là sont universelles. 1+1 fera toujours 2 alors qu'une réflexion sur la gestion de classe non, les manières d'aborder le sujet sont multiples. Et je n'arrive pas à me mettre dans le rang.
Encore là, j'ai une petite anecdote pour vous.
Je rends un travail de session comptant pour 50% de la note. Autant dire qu'il ne faut pas se rater, d'autant plus que l'autre 50% je l'ai foiré. Disons que j'y ai mis le plus d'effort et de temps possible vu que cette fois, il le fallait. Fin de session, je vois sur mon bulletin que j'ai passé le cours de justesse, avec un C-.
Quelques temps plus tard, je récupère ma copie. Résultat: B+
Gros problème au niveau des citations, je n'utilise pas la manière conventionnelle et mon usage est "très déficient". Pourtant, un B+ m'est attribué.
En y regardant de plus près, j'aperçois sous mon B+ des traces de crayon à la mine. Je regarde mieux et aperçois un "C".

Pourquoi avoir gonflé autant ma note ? Pour me faire passer le cours ? Parce que les profs' se doivent d'obtenir des résultats ?

Je suis heureuse que ce système ait joué en ma faveur, parce que je ne pense pas que refaire ce cours ne m'aurait pas rendue meilleure enseignante. Mais c'est quand même frustrant et démotivant de savoir qu'on nous surévalue comme ça.

Vendredi

Congé aujourd'hui.
Profitons-en pour travailler ses cours.
Que me reste t-il à faire en cette fin de session ?

- Rapport de stage. Je ne suis qu'au jour 2, mais je sais déjà ce que je vais mettre dedans. Le fait est que ces 5 jours d'observation ne vont pas vraiment jouer dans mon choix de rester ou non dans ce domaine. Mon année dans une école secondaire, ma session d'enseignante de français aux adultes et mes journées de suppléance ont de quoi alimenter 10 rapports de stage s'il le faut. Allez, une heure ou deux et ce sera fait.

- Travail de session en gestion de classe. Enfin quelque chose de consistant. Bien que, encore une fois, ça ne va être que répéter ce qu'on a déjà vu et entendu, en citant un ou deux passages de livre.On aura eu 3 mois pour écrire une petite quinzaine de pages. Insurmontable vous croyez ?

Alors quand j'entends mes camarades de promo lancer des "j'en peux plus", "vivement la fin de session", "j'ai plus d'vie sociale", je ris doucement.
Cinq ou six cours c'est pas sorcier quand la moitié ne sont que des formalités.

dimanche 14 novembre 2010

La lecture du dimanche

Mon rendez-vous hebdomadaire avec la bibliothèque nationale. Édifice que je chéris depuis mon arrivée dans la grande métropole.

Voilà quelques jours, je demandais à une classe de 4ème année de répondre à un questionnaire pour les besoins de la recherche.
Très vite, je remarque deux jeunes qui ricanent. Je tente une approche et me mets à leur niveau en espérant que ça suffise. Apparemment non.
Je remarque alors qu'un des deux est totalement à la traine et semble rester bloqué devant son questionnaire. Je lui demande si tout se passe bien, ce à quoi il me répond: "je ne comprends pas la question".
Je lui demande alors de me la lire.

"Quand ton -pro-prof-profe-professeur te ... ...p p po-se .. une quesssss - tion"

Effectivement, il ne pouvait pas comprendre ce qu'on lui demande tant toute sa concentration passait à déchiffrer les mots.

J'ai donc posé la question à son enseignante: cet élève a t-il un problème d'apprentissage ? Ce à quoi elle me répond non, pas l'air plus alarmée que ça, "juste" du retard.

Du retard ...
Ce pauvre garçon va encore en accumuler pas mal si personne ne fait rien.
Là où, à son âge, je voyais le passé composé, il en est encore à buter sur des mots simples.
Après un petit tour d'horizon, j'ai bien vite remarqué que ce n'était pas le seul de la classe à ne pas du tout maîtriser la lecture.
J'me suis donc posé la question: où est la faille dans le système ?
Je n'ai pas encore vu de classe de 4ème année hormis celle-ci. Pour le moment, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils étudient à ce niveau mais j'ai été vraiment déconcertée de voir tant de retard.

C'est sur cette petite expérience que j'ai basé mes recherches pour mes lectures dominicales.
Dans les résultats, beaucoup de livres français. Hors propos sur bien des points, donc.


Un livre a toutefois retenu mon attention: "La fabrique du crétin" de Jean-Paul Brighelli



Un livre très "provoc'" qui devrait en faire grimacer plus d'un. L'auteur n'y va pas du dos de la cuillère et dénonce le nivellement par le bas et la dégringolade du niveau des élèves d'année en année. Le meurtre annoncé de l'école, enterrée par tout un système défaillant, le gouvernement en première ligne. Le terme "crétin" ne désignant nul autre que le chef d'état...
Même si ça ne concerne pas directement ce côté-ci de l'atlantique, il est à lire au moins une fois.

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De là, je me suis dit "et si c'était ça, si ici aussi ce n'était pas comme ça, avant ?"
Le livre de Normand Baillargeon, au titre évocateur, me donnera peut être la réponse: "Contre la réforme. La dérive idéologique du système d'éducation québécois".



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J'ai aussi emprunté un livre qui me faisait de l'oeil depuis longtemps: "Journal de bord d'une institutrice clandestine" de Rachel Boutonnet.



Elle raconte son année à l'IUFM, l'institut de formation des maîtres, l'usine à profs française.  
Si vous souhaitez vous rassurer quant à la formation des futurs enseignants et vous dire "Il y a pire ailleurs", ce livre est fait pour vous ! 

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Mon dernier choix s'est porté sur un petit livre à la couverture attirante (ne me demandez pas pourquoi): "Enseigner au primaire" de Bruce Potts




J'aime le format, qui se glisse partout, et le contenu très orienté "pratique". Un livre pour les apprentis ou les jeunes enseignants qui donne des conseils relevant souvent du "bon sens", mais qui sont toujours bons à entendre.

Problème mathématique

 J'habite sur le territoire de deux commissions scolaires. Je vous expose ci dessous mon problème:

L'apprentie-suppléante travaille pour la commission scolaire X.
Elle en est bien contente, hormis le fait que la paie, faut pas s'attendre à la voir trop vite (ça c'était histoire de trouver quelque chose à redire).

L'apprentie aimerait se payer le luxe de travailler tout près de chez elle. Elle vise 3 écoles en particulier, parce qu'elle peut entendre les cris des enfants de chez elle.
Pour cela, l'apprentie devrait aussi s'inscrire à la commission scolaire Y.

Peut-elle le faire sans froisser la commission scolaire X et ainsi jouer sur les deux tableaux ?

jeudi 11 novembre 2010

Esprit d'équipe

"Non mais monsieur, j'veux pas me mettre en équipe avec elle. Elle ne travaille pas, pis j'veux pas qu'elle ait une bonne note grâce à moi. En plus, on n'est vraiment pas du même niveau social. Elle va travailler pour 10$ à faire les surveillances de dîner et n'a aucune ambition. Je vaux plus que ça. Pitié, changez-moi d'équipe."

[Potentielle future collègue]

Foutue journée !

Mercredi - 20h

Je suis crevée, je n'ai qu'une envie: aller me coucher ! J'ai encore un oral pour le lendemain à préparer mais tant pis, là je n'arrive plus à réfléchir. Allez au lit !

Mercredi - 21h45

Driiiiiiiiiiiiiiing Driiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing

Allo ?

Oui excuse moi de t'appeler si tard l'apprentie. T'es disponible pour de la suppléance demain ?

Bon c'est mon école préférée, j'peux pas lui en vouloir de me sortir de mon sommeil de bébé. Mais j'peux pas lui dire oui, l'oral de demain, je ne peux pas y échapper.

Mercredi - Jeudi 23h - 00h - 01h

Je crois que cet appel a cassé mon rythme. Pis j'suis bien triste d'avoir eu à dire non. Une semaine que j'ai pas vu les p'tits réguliers. Il me manquent ...

Jeudi 7h AM

Bip bip bip bip

Difficile de se sortir du lit, j'aurais pu préparer mon sac de suppléante, mais à la place, je prépare cet oral.
Allez hop, 4 ou 5 phrases et c'est torché. Ce sera de l'improvisé, jusque là ça  a toujours bien marché ...

Jeudi 11hAM

Prof de l'apprentie:
"Bon alors nous n'aurons pas le temps de passer à l'oral. Nous le ferons la semaine prochaine."

Vous avez dit frustrée?

mardi 9 novembre 2010

Renforcement agressif

Faut qu'j'vous raconte ...

Jour 1 du stage

On me propose d'assister au cours d'un professeur de francisation, appelons le Monsieur fou-furieux, à de jeunes adultes. Celui-ci m'invite à m'assoir au fond de la classe pour l'observer.

Il lance un exercice, ou du moins il essaie: les élèves se regardent et ne semblent pas avoir compris les consignes. Moi non plus.
Il en désigne un pour donner la première réponse. Pas de réponse.
Il passe au suivant. Pas de réponse.
Puis à un autre, et un autre, et un autre. Toujours aucune réponse.
Il regarde alors sa classe et lance un: "Mais c'est pas vrai, même chercher dans un dictionnaire vous ne savez pas faire !"

C'est pas grave, il leur donne un numéro de page et ordonne à une des jeunes de lire à haute voix. Hésitante, elle s'applique comme elle peut mais sa voix ne porte pas.
"PLUS FORT" lance le prof.
L'élève fait l'effort quelques secondes puis la voix se fait de nouveau plus discrète.
"PLUS FORT"
Le même effet survient.
[Fou-furieux part dans le couloir] "JE VEUX T'ENTENDRE D'ICI"
Idem
[Fou-furieux s'approche de son bureau]
BAM BAM BAM
"PLUS FORT !"
J'ai bien cru qu'avec ces 3 coups de poings, ce pauvre bureau ne tiendrait pas le choc.
Et BAM BAM BAM et BOUM BOUM BOUM
J'ai bien entendu 50 fois "PLUS FORT" durant le reste du cours .. Le bureaua tenu. Pas ma tête ...

J'ai, aussi, adoré sa façon d'imager les mots:
"Et votre progéniture a ... a ... a ... a ...." [lance violemment sa craie contre la fenêtre] "a ... cassé ma fenêtre!"

Mais l'instant le plus beau, celui qui m'a tiré un rire sans doute nerveux restera le moment où j'ai découvert l'une des fonctions de l'élève assis à côté de l'interphone: il doit appuyer un livre contre celui-ci lorsqu'un message est passé afin de ne pas l'entendre !

Je vous passe toutes les petites réflexions ultra désagréables envers les élèves.

Le fait est qu'il règne un climat de peur entre ces murs. Les pauvres jeunes se demandent ce qu'ils font là. Ce qu'il fait là. Et moi aussi ...

Je n'avais qu'une hâte, que ça finisse ! C'est vraiment dommage, cette homme est très cultivé et fin connaisseur de la langue française. Quel beau gâchis de ne pas savoir le transmettre.

Sa réputation est connu dans l'établissement et ma professeure référente a avoué à demi mot qu'elle m'avait envoyé là pour que je vois "de quoi ça a l'air".

Le meilleur dans tout ça ? Sans doute les derniers mots que m'a adressé monsieur fou-furieux:

"J'aimerais que tu me donnes un retour, comme-ci tu étais mon évaluateur".

Euh non non, merci. Je laisse ma place à d'autres ...

lundi 8 novembre 2010

L'usine à profs' ...


Ma vision de la formation que l'on m'offre n'est pas plus belle que dans cette vidéo.Je tiens aussi le discours: "je suis là pour le diplôme, pas pour les notes", contrairement à un très grand nombre de mes camarades.

Je suis actuellement formée afin de devenir professeur de français.
Combien avons-nous de cours concernant cette matière en 4 ans ? Deux

Pour le moment, j'ai appris quelques mots d'espagnol, quelques termes comme "béhavioriste" ou "cognitiviste", et quelques dates historiques. J'ai aussi appris à construire un arbre syntaxique et à compter en base 8.

Cool, hein ?

Si j'veux bien faire mon métier, j'ai vite appris que ce n'est pas sur l'université que je dois compter.

Tout n'est pas "si pire", le Québec peut au moins se vanter d'offrir une vraie formation à ses futurs "porteurs de savoirs". Ce n'est pas le cas partout, je reviendrai sur ce point sans doute un jour.

En tous cas, je trouve le programme de français langue seconde bien maigrichon.  Je porte maintenant tous mes espoirs sur le b.ed primaire et préscolaire.

À condition d'arriver à l'intégrer ...

dimanche 7 novembre 2010

Et le gagnant est ...

Quand on n'a pas beaucoup de mémoire, il est bon de trouver des petits "trucs" pour savoir quel élève nous n'avons pas encore interrogé durant la journée.

J'ai vu Madame passionnée donner un numéro à chaque "ami" et écrire au tableau à quel numéro elle est rendue pour faire parler tout le monde.
Bonne idée, mais trop prévisible à mon goût.

Puis j'ai remplacé Monsieur le bien aimé mardi et j'ai trouvé son affaire pas mal bonne.
Il a tout simplement instauré un système de "pige", ou "tirage au sort", comme vous voulez.
Dans la boite, 20 numéros, un pour chaque élève.
Une fois le numéro tiré, il suffit de le placer dans une seconde boite. Une fois tous les chiffres sortis, on recommence !

Alors hop, avec une boite de boutons et des petits collants (2$, merci dollarama !), j'ai maintenant mon propre système de "pige".
Cette mini-tentative d'instauration de mini-gestion d'classe d'un jour a au moins le mérite de faire prendre conscience aux élèves "qu'elle niaise pas la remplaçante".

Et je prends un malin plaisir à voir dans les regards les "Ah non pas moi, pas moi, pas moi" alors que ma main cherche un numéro dans la boite.

Dans heures de plaisir en perspective Mouahahahahahaha

Sang froid ...

"Félix-Antoine, peux-tu revenir à ta place sil te plait ?"

NON

"Félix-Antoine, je te le demande pour la seconde fois, peux-tu revenir à ta place s'il te plait ?".

NON

"Félix-Antoine, là ..."

C'PAS TOI QUI DÉCIDE DEBORD

J'vais m'en rappeler longtemps de celui là ...

Une nouvelles semaine commence ...

... ou le lot commun des suppléants ...

Mes lunchs sont prêts. J'ai acquis une toute nouvelle organisation de vie depuis la rentrée. Les amis, les amours, les emmerdes sont prévenus: ça s'peut que j'annule nos sorties si je reçois l'appel.

Parce que cette semaine, je ne suis pas "planifiée".

Demain matin, le réveil va sonner tôt et je serai sur le pas de ma porte à 7h15. Appellera, appellera pas, le résultat est le même: je dois être prête !
Mon prochain rendez-vous à l'avance est pour janvier. Avec peut-être ma professeur passionnée préférée qui pense à me laisser ses p'tits avant la Noël (chouette !). J'vous en parlerai sans doute de ceux là, un gros coup de foudre partagé tant avec les élèves qu'avec leur enseignante.

En attendant, j'attends et je prie pour que mon école coup de cœur soit la première à s'afficher sur mon cellulaire. J'attends même qu'un numéro s'affiche tout court. Parce que parfois, le téléphone reste désespérément silencieux.

C'est aussi ça, la vie de suppléante. On ne sait pas où on s'en va avec ça et si on rentrera cette semaine.
Frustrant n'est ce pas ?

Bon j'm'estime heureuse, j'suis qu'une deuxième année après tout. Quand je pense à tous les déjà-diplômés qui s'apprêtent à commencer leur semaine de la même façon que la mienne.

Pour endurer, j'pense que ce métier, ils doivent vraiment l'aimer !

samedi 6 novembre 2010

Qui que dont quoi comment pourquoi ?

 La suppléance n'est, selon moi, qu'une belle expérience (mais pas toujours évidente) ayant de multiples avantages. Nommez-moi ministre de l'éducation et je vous rends ça obligatoire durant le baccalauréat !

Non seulement nous sommes directement confrontés à notre futur métier et voir si celui-ci nous convient, mais nous pouvons également acquérir de l'expérience en vue de notre future "vraie" carrière et voir comment les enseignants peuvent rendre l'année scolaire agréable.
 
Voici donc mes petits trucs et astuces, empruntés aux enseignants que j'ai pu remplacer, tournés à la sauce "apprentie.".

vendredi 5 novembre 2010

L'apprentie a pris sa décision ...

L’enseignement, j’y ai pris goût sur le terrain.
 Alors que j’étais encore dans mon pays d’origine, j’ai eu la chance de travailler dans un établissement scolaire secondaire et l’expérience m’a beaucoup plu. Souhaitant immigrer au Québec, mon choix s’est donc tout simplement porté vers le baccalauréat en enseignement que j’effectue depuis l’automne 2009. 

Pourquoi avoir choisi le français langue seconde?
Au moment de faire ma demande d’admission, je ne savais pas encore avec quel public, ni vraiment quelle matière, je souhaitais enseigner. Le b.ed français langue seconde permet de travailler autant au secondaire, qu’au primaire et aux adultes. C’était donc l’idéal pour quelqu’un comme moi qui ne savait pas encore où se placer professionnellement.

            Pourquoi vouloir changer maintenant?
C’est encore sur le terrain que j’ai trouvé ma voie. Il y a quelques mois, j’ai obtenu le TECFÉE ainsi qu’un nombre de crédits universitaires suffisant pour effectuer de la suppléance. Depuis la rentrée, je travaille au sein d’une école primaire en tant que remplaçante. J’ai ainsi découvert l’enseignement au préscolaire et au primaire en classe régulière et je suis maintenant certaine de mon choix : c’est avec cette population que je me sens à l’aise et que je me vois travailler à l’avenir.

J’ai pris le temps de la réflexion avant d’effectuer cette demande et je suis prête à travailler fort pour arriver à mon but. J’ai d’ailleurs décidé de prendre des cours hors programme à l’hiver prochain afin de m’avancer dans le baccalauréat si ma demande était acceptée.

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Les jeux sont faits, rien ne va plus ...

jeudi 4 novembre 2010

Quand l'écart se creuse ...

Ce matin, retour difficile dans la vie d'étudiante.

Je fixe le téléphone du regard et la possibilité d'un appel pour de la suppléance m'obsède. Assise sur les bancs de la fac, je me sens comme inutile et malheureuse.
Pourtant, il va falloir que je m'y fasse: il me reste encore deux ans et demi à trimer pour décrocher le diplôme. Trois ans, même, si je change de programme.

J'étais heureuse de retrouver mes camarades de promo après cette semaine de lecture-suppléance, pensant pouvoir discuter de nos expériences respectives. C'est si enrichissant d'aller voir ce qu'il se passe dans les classes et de pouvoir discuter de nos petites victoires, comme de nos échecs.

Problème.La conversation de cette après-midi tournait exclusivement autour du travail de session, de l'examen de lundi et du fait que la phonétique, c'était vachement bien.
J'ai bien essayé de lancer mes petites anecdotes de suppléante pour lancer le sujet, sans succès. Le fait est que dans ce petit groupe, je suis apparemment la seule qui a eu l'idée, et pense que c'est une bonne chose, d'aller apprendre le métier directement sur le terrain. Mes camarades préfèrent prendre les dires de nos professeurs pour argent comptant et se baser là dessus pour se construire à coup de A+ et de nuits blanches pour rendre le travail le plus parfait possible.


Pire. J'ai l'impression d'être une extraterrestre totalement dans le faux qui, en étant si peu productive dans mes travaux et si mauvaise en tant qu'étudiante, ne deviendra jamais une bonne enseignante. Voire ne deviendra jamais enseignante tout court.


Aujourd'hui, je me suis encore sentie seule au monde. J'ai beaucoup pensé à mes p'tits réguliers, à Madame passionnée et à mon agenda vide de toute suppléance avant janvier.

Le temps va me sembler bien long jusqu'à la dîplomation (celui là, c'est pour la rime).

Quatre trois deux un zéro ... Go l'apprentie go !

mardi 2 novembre 2010

Un pas de plus ...

Le papier de demande de changement de programme est sur la table depuis hier.

Maintenant que c'est plus concret, je doute encore plus.

Mais au fond de moi, je sens que je vais finir par le signer, parce que j'les aime trop, mes p'tits réguliers.
Et que je ne me vois plus les quitter ...

La vie est belle

Et bien voilà, je sors de 6 beaux jours de suppléance dans la même école.
En un mot: fantastique ! Je me sens vraiment bien dans cet établissement.

Les élèves me connaissent maintenant et je commence à savoir comment fonctionne chaque classe. Je me construis de nouveaux repères et j'ai tissé de vrais liens avec les jeunes et certains de mes collègues d'un jour. Peu à peu, je prends confiance en moi et je l'ai ressenti aujourd'hui plus que les autres jours, puisque je pose mes propres règles aux élèves et que je ne bafouille plus. Mieux, j'arrive maintenant 15mn avant que la cloche sonne sans une grosse boule au ventre et sans me presser. Je commence à savoir m'organiser plus vite et à mieux gérer mon temps.


Retourner à ma vie d'étudiante demain va être difficile. Heureusement, je repars dès vendredi dans une école habillée de mon autre costume: celui d'assistante de recherche. J'ai eu mon nom sur la porte d'un bureau de l'université 6 mois durant mais ce poste très sédentaire ne me plaisait pas. Mais certes, pour dépanner, je veux bien m'y recoller surtout que là c'est de la collecte de données.

Néanmoins, je garde un œil sur mon cellulaire, dans l'attente de voir très vite s'afficher le numéro de mon école coup de cœur pour de nouveaux remplacements.
J'ai bon espoir, parce qu'on m'a glissé à l'oreille:

"Tu fais partie des meubles, maintenant"