dimanche 14 novembre 2010

La lecture du dimanche

Mon rendez-vous hebdomadaire avec la bibliothèque nationale. Édifice que je chéris depuis mon arrivée dans la grande métropole.

Voilà quelques jours, je demandais à une classe de 4ème année de répondre à un questionnaire pour les besoins de la recherche.
Très vite, je remarque deux jeunes qui ricanent. Je tente une approche et me mets à leur niveau en espérant que ça suffise. Apparemment non.
Je remarque alors qu'un des deux est totalement à la traine et semble rester bloqué devant son questionnaire. Je lui demande si tout se passe bien, ce à quoi il me répond: "je ne comprends pas la question".
Je lui demande alors de me la lire.

"Quand ton -pro-prof-profe-professeur te ... ...p p po-se .. une quesssss - tion"

Effectivement, il ne pouvait pas comprendre ce qu'on lui demande tant toute sa concentration passait à déchiffrer les mots.

J'ai donc posé la question à son enseignante: cet élève a t-il un problème d'apprentissage ? Ce à quoi elle me répond non, pas l'air plus alarmée que ça, "juste" du retard.

Du retard ...
Ce pauvre garçon va encore en accumuler pas mal si personne ne fait rien.
Là où, à son âge, je voyais le passé composé, il en est encore à buter sur des mots simples.
Après un petit tour d'horizon, j'ai bien vite remarqué que ce n'était pas le seul de la classe à ne pas du tout maîtriser la lecture.
J'me suis donc posé la question: où est la faille dans le système ?
Je n'ai pas encore vu de classe de 4ème année hormis celle-ci. Pour le moment, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils étudient à ce niveau mais j'ai été vraiment déconcertée de voir tant de retard.

C'est sur cette petite expérience que j'ai basé mes recherches pour mes lectures dominicales.
Dans les résultats, beaucoup de livres français. Hors propos sur bien des points, donc.


Un livre a toutefois retenu mon attention: "La fabrique du crétin" de Jean-Paul Brighelli



Un livre très "provoc'" qui devrait en faire grimacer plus d'un. L'auteur n'y va pas du dos de la cuillère et dénonce le nivellement par le bas et la dégringolade du niveau des élèves d'année en année. Le meurtre annoncé de l'école, enterrée par tout un système défaillant, le gouvernement en première ligne. Le terme "crétin" ne désignant nul autre que le chef d'état...
Même si ça ne concerne pas directement ce côté-ci de l'atlantique, il est à lire au moins une fois.

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De là, je me suis dit "et si c'était ça, si ici aussi ce n'était pas comme ça, avant ?"
Le livre de Normand Baillargeon, au titre évocateur, me donnera peut être la réponse: "Contre la réforme. La dérive idéologique du système d'éducation québécois".



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J'ai aussi emprunté un livre qui me faisait de l'oeil depuis longtemps: "Journal de bord d'une institutrice clandestine" de Rachel Boutonnet.



Elle raconte son année à l'IUFM, l'institut de formation des maîtres, l'usine à profs française.  
Si vous souhaitez vous rassurer quant à la formation des futurs enseignants et vous dire "Il y a pire ailleurs", ce livre est fait pour vous ! 

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Mon dernier choix s'est porté sur un petit livre à la couverture attirante (ne me demandez pas pourquoi): "Enseigner au primaire" de Bruce Potts




J'aime le format, qui se glisse partout, et le contenu très orienté "pratique". Un livre pour les apprentis ou les jeunes enseignants qui donne des conseils relevant souvent du "bon sens", mais qui sont toujours bons à entendre.

6 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu La Fabrique, mais je consulte périodiquement le blogue de Brighelli qui a pour titre Bonnet d'âne, référencé sur le mien. C'est une pensée assez conservatrice (je ne suis pas contre) qui s'appuie sur une vieille idée, assez méconnue ici : l'école républicaine.

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  2. Je me souviens avoir feuilleté Le Grand mensonge lors de sa sortie en librairie. Seule l'une des trois parties m'avait semblée suffisamment étayée pour construire un argumentaire intéressant, si jeune mabuse (et déjà poney).

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  3. C'est certain que c'est difficile de trouver des ouvrages "québécois voire canadiens" traitant de ce sujet. Mais cessez de nous inonder d'ouvrages européens qui n'ont rien à voir avec notre réalité.
    Profquifesse, la partie qui vous a semblée étayée était celle du secondaire: c'était d'ailleurs la seule qui valait la publication du livre.

    Avis à tous les profs: nous avons besoin d'ouvrages québécois/canadiens qui rejoignent l'ensemble de la population.

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  4. C'est certain que c'est difficile de trouver des ouvrages "québécois voire canadiens" traitant de ce sujet. Mais cessez de nous inonder d'ouvrages européens qui n'ont rien à voir avec notre réalité.
    Profquifesse, la partie qui vous a semblée étayée était celle du secondaire: c'était d'ailleurs la seule qui valait la publication du livre.

    Avis à tous les profs: nous avons besoin d'ouvrages québécois/canadiens qui rejoignent l'ensemble de la population.

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  5. "Mais cessez de nous inonder d'ouvrages européens qui n'ont rien à voir avec notre réalité"

    Voilà une belle phrase qui en dit long sur l'esprit de l'éducation québécoise. Quand un livre est écrit à un niveau assez élevé (conceptuellement), il est d'autant moins dépendant de l'espace et du temps.

    Si vous ne lisez que ce qui se fait au Québec, vous manquez une maudite bonne game. Les européeens sont certainement plus difficiles à lire mais offrent souvent plus de profondeur.

    Enfin, si vous ne lisez rien en anglais...

    Le livre de Brighelli est très européen mais ses idées d'avancement social pour les classes inférieures sont très pertinentes.

    Vous voulez européeen et franchement fâché: Gilles Chatelet, Penser et vivre comme des porcs.

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