jeudi 25 novembre 2010

La suppléance, ce monde cruel

"Bonjour, ici l'école X. J'ai un remplacement pour vous demain toute la journée".

Tous les conjoints ou colocs' doivent connaitre ce grand cri de frustration que pousse le professeur suppléant quand le téléphone, d'habitude si silencieux, sonne pour lui offrir du travail qu'il ne pourra pas accepter pour diverses raisons.
Ce soir, j'ai décidé d'épargner quelques oreilles et d'user quelques yeux.

D'une école à l'autre, je commence à comprendre comment fonctionne la suppléance et comment décrocher de plus en plus de journées. La concurrence a l'air féroce en ce moment, et quand dans mon cours de ce soir on me parle de "pénurie entrainant des offres de postes à l'année à des étudiants de 4ème année", j'ai envie de lancer un: "Han ouais ?"

Pénurie ceci, papy boom cela, c'est assez drôle de voir à quel point l'idée d'une entrée facile sur le marché du travail germe dans la tête de mes camarades. Ils s'imaginent déjà en poste à plein temps à la sortie des quatre ans. Avec le manque d'enseignants, ils se voient déjà crouler sous la demande ...

"Ah, et puis y a même pas besoin du TECFÉE pour la suppléance. Il manque tellement de monde qu'ils prennent n'importe qui. Tu y vas le matin même, l'après midi tu es devant une classe".

Ah bah oui, c'est avec ce genre de discours que l'image de la profession va s'améliorer, c'est certain.

Et bien non, chers lecteurs, ne devient pas suppléant qui le veut. Depuis cette année (d'après une secrétaire d'école qui a dû revoir sa banque de suppléants suite à la demande de la commission scolaire), l'entrée dans ce beau monde est plus difficile. Il ne suffit plus d'être titulaire d'un bac en sciences pour les enseigner, non.
Dans ma commission scolaire, on m'a demandé le TECFÉE, mon C.v et un minimum de crédits universitaires pour du remplacement occasionnel. Mon dossier étant jugé recevable, il a fallu aller se présenter aux directions d'écoles avec C.v en main, parce qu'eux aussi font leur propre sélection.
C'est ainsi qu'avec un peu de chance, et beaucoup de "non" de la part des autres suppléants, votre nom arrive en tête de liste. Souvent, si on vous appelle et que vous n'êtes pas disponible, il redescend illico.

C'est ainsi que ce soir, j'ai perdu une chance d'intégrer la banque des suppléants testés et approuvés d'une école que je convoitais. Parce que demain, j'ai déjà dit oui pour de la recherche dans une école du bout du monde (comprendre la lointaine banlieue ... *Ahem*).
Ainsi, un autre suppléant prend ma place et, s'il convient, sera dans la "hot list" des gens à appeler en premier.

Mon école préférée compte me garder, mais en ce moment leurs besoins ont une fâcheuse tendance à coïncider avec mes périodes de non disponibilité.
Je ne compte plus sur les appels de ma commission scolaire actuelle pour travailler. En 3 mois, j'ai eu une seule fois un répartiteur au téléphone. J'ai dû dire non, je n'ai plus jamais eu d'appel.

De là, j'en reviens à mon idée d'aller voir du côté de la CS2.
Oui, mais madame commission scolaire est très précise dans ses attentes et m'a tout simplement refusée. Pas assez de crédits universitaires, qu'il parait. Mon expérience n'y fera rien, "revenez avec 12 crédits de plus, et vous pourrez embarquer".

J'vois pas vraiment ce que 12 crédits vont changer à ma vie, mais c'est la règle.

Y a des jours où j'me dis que j'aurais dû rester dans le doux monde des étudiants totalement naïfs et ne pas avoir l'ambition de vouloir vivre au plus tôt de ce que j'aime faire. Parce que non, chers étudiants, on ne vient pas me supplier d'aller remplacer. Chaque journée de suppléance cache des heures d'envoi de C.v, relances et de nombreux réveils matinaux pour ... rien. Un bon lot de stress aussi, puisqu'à chaque fois que vous vous engouffrez dans le métro, vous avez cette appréhension du "je suis certaine qu'on va m'appeler durant mes 20mn de trajet sous terre, et je vais ainsi passer à côté d'une journée de travail". Et BAM!, pas manqué. En vous rendant à la bibliothèque, vous venez de dire au revoir à votre seule occasion de la semaine.


Bienvenue dans la réalité mes amis !

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