mardi 5 octobre 2010

Il était une suppléante ...

6h00. Le réveil sonne. Je peine à me sortir du lit ... Pas que je n'ai pas bien dormi non, j'ai étonnamment bien dormi. Juste que j'ai .. peuuuuuuuuuur !

6h50. Allez hop, c'est parti. Je traverse ma rue et MERDE!, j'ai oublié mon lunch (bah voui, pas habituée à ça moié !)

7h30. Je pousse la porte de l'école primaire qui m'a fait l'honneur de m'appeler pour une première suppléance.

Un petit topo: C'est donc une grosse école primaire, de quelques 620 élèves, du préscolaire 4 ans (non, pas d'école à 2 ans au Québec !) à la sixième année (difficile de trouver une correspondance française parce qu'on fait une année de plus au primaire ici. Disons que c'est un CM2 avec une année de plus). 95% de sa clientèle est d'origine autre que Québécoise.

On m'offre donc une classe de première année (=CP) pour la journée. Je pose alors mes questions de débutante de base: "Les élèves se rangent où ? La récré est à quelle heure ?" et on me dirige vers ma salle de classe provisoire.

Vingt beaux élèves à accueillir. Chouette ! En plus, j'ai de la chance, le professeur m'a laissé un beau planning tout fait sur le bureau. Trop facile (erreur de débutant que de penser ça ...)

8h15. La cloche sonne. J'ai dû perdre 40L d'eau et je me dirige vers le corridor. "Hey madame la prof' X. Ils sont où les miens ??? ".
On me montre alors mon rang. Oula, qu'ils sont petits ! Mon dieu, ça court partout ! A l'aiiiiiiiiiiiiide !!

J'entends la prof' voisine lancer à ses troupes "Allons-y les amis !". Oula, donc c'était pas juste une blague de mon prof' de gestion de classe. On appelle vraiment les élèves "Les amis" ici. [Choc culturel numéro 1]
Bon ni une ni deux (j'ai jamais aussi vite intégré une nouvelle donnée de ma vie), je lance un "Bonjour les z'amis, je remplace Madame la passionnée [choc culturel numéro 2, on appelle le prof' par son prénom !] aujourd'hui. Tout va bien aller, on me fait un beau rang siouplaiiiiit !

Et hop, ils se dirigent comme des grands vers leur salle.
Et là, vient le [choc culturel numéro 3]: les casiers ! Là j'avoue que j'ai plus observé que donné des directives. Les élèves ôtent donc manteaux, pulls et sacs et laissent tout dans les casiers du couloir. Tsé, comme dans les films là !

Ayé, libérés de tout objet superflu, on peut entrer en classe. Les élèves écoutent les directives et se mettent vite au travail. Cool !
Aujourd'hui, leçon sur le son "on". Et là je donne ce conseil à tous futurs suppléants: arrivez très à l'avance ! On peut ainsi préparer la leçon tranquillement et ça va bien mieux comme ça (oui, j'ai reçu de l'organisation à Noël !)

On frappe à la porte. Une dame se présente à moi et me dit "Je suis X et je m'occupe du petit mignon. Il est un presque-autiste et je viens lui apporter mon aide durant le cours". [Choc culturel numéro 4: l'intégration ! Oui, ici on trouve des enfants avec de multiples "handicaps" dans les classes régulières. J'ai eu de la chance, là j'en avais qu'un mais parfois c'est 2 ou 3 par classe et là j'imagine comme ça doit être difficilement gérable. Notez que ces élèves ont bien une aide en classe et que des moyens sont là pour eux !]
En tous cas, très brillant ce petit. Il comprend parfaitement et réussi tout à merveille.C'est vraiment très bénéfique pour lui d'être en classe régulière. Je ne l'imagine pas 3 secondes dans un de nos I.M.E.
La dame reste un petit quart d'heure et part voir un autre élève dans une autre classe. Me revoilà seule maître à bord.

9h30. Élève affamé: "C'est quand la collation ??"
Madame l'apprentie: "La ... quoi ???"

Bon okey, ça je m'en doutait un peu de celle là. Merci les films, encore une fois. Donc oui, on donne bien une briquette de lait, des céréales pis un fruit aux élèves avant la récré. Bon là j'ai bien galéré pour savoir comment ça se passe.J'ai même empiété 5mn sur la récré, et les élèves voulaient rester et plus sortir ! Allez oust, dehors !
10h10. Retour de la récré et pause pour moi: les élèves partent avec le prof d'arts plastiques (quelle déception ! Moi qui pensait mettre à profit mes récents acquis en la matière). Finalement pas si pause que ça parce que j'ai une pile de correction à faire. Chouette !

11h10. Fin de la matinée et diner. Les enfants mangent leurs "lunch" (pas de cantine ici, je trouve ça dommage) et moi le mien. Gros moment de solitude quand j'ai lancé un "Bonjour j'suis Madame l'apprentie et je remplace Madame l'absente pour la journée" tout joyeux dans la salle des profs et que j'ai eu comme seule réponse des regards interrogateurs. J'ai vite mangé et hop, je suis retournée dans la classe pour préparer les activités de l'après-midi.

12h30. La cloche sonne de nouveau, c'est la reprise des cours (et oui, si tôt !). Atelier prévu avec une orthopédagogue pour revenir sur quelques difficultés. La voilà qui arrive et qui m'annonce qu'elle a une urgence et qu'elle ne pourra pas rester. "T'es capable de gérer ça toute seule" qu'elle me dit.
Effectivement, j'ai géré comme je pouvais et ça m'a beaucoup appris. Ça aura sans doute été mon meilleur moment de la journée. Élèves calmes et à l'écoute + activité super intéressante = le pied !

13h30. Nouvelle récréation. Je suis de surveillance et ça me rappelle mon année à l'école secondaire en France, quand je déambulais dans la cours à l'affut de tout problème.

13h50. On rentre en classe, je lance une mini-activité afin d'arriver doucement à 14h, heure à laquelle une autre professionnelle venait donner un atelier de 40mn. Et là ce fût assez drôle: j'ai reconnu la méthode de cette dame pour l'avoir lue dans ... son blog ! Le monde est petit...

14h40. La dernière ligne droite.Une dernière activité de mathématiques et la dame qui s'occupe du petit mignon, de retour depuis quelques minutes, me lance un "Je crois qu'il est temps de t'occuper du X??!*#$(*"
Autant dire que je n'ai rien compris ! En gros, il fallait regarder leurs espèces d'agendas, où il y avait en même temps un rappel de ce que l'on a vu dans le cours, des indications pour les devoirs à faire à la maison, des exercices ... Un fourre-tout dans lequel je me suis totalement perdue !
Voilà donc le [choc culturel numéro 5], en appui avec le [manque total d'expérience au primaire], autrement dit, les deux points qui m'auront donné le plus de fil à retordre !

Il restait 15mn et j'avais toute une façon de faire à intégrer au plus vite. J'ai lancé un appel au secours à la dame, qui m'a fait savoir que j'aurais dû demander aux élèves d'emporter leur cartable [choc culturel numéro 6] sac à dos dans la classe après la récré. Ils peuvent ainsi ranger leurs cahiers de devoirs et ainsi être prêts au grand départ.

Bon bah là ils ne l'avaient pas, pis fallait faire avec. C'était sans compter ma totale incompréhension face aux sigles dans le cahier de devoirs, et encore plus face aux consignes. La journée s'est donc terminée par un cafouillage monumental !

Mais les élèves ne m'en n'ont pas tenu rigueur, à voir leurs beaux dessins qu'ils m'ont laissé et le gros câlin du petit mignon.

Et puis, vaut mieux que je me trompe face à ces petits élèves que je n'aurais qu'une journée, non ? Les conséquences de ma totale inexpérience seront bien plus limitées et cette seule et unique journée dans l'année ne brisera pas le travail de l'enseignante titulaire.
Moi de mon côté, ce petit jour m'aura appris bien plus que la dernière année d'université. Je compte bien continuer à faire de la suppléance et avoir encore beaucoup de ces jours où je n'apporterai finalement que très peu à ces élèves.
Parce qu'au moins, dans 3 ans, ma première classe, que j'aurais toute une année de long, ne souffrira plus de mon manque d'expérience.

Du moins je l'espère ...

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