"Dors min p'tit Quinquin, min p'tit pouchin, min gros rojin.
Te m' fras du chagrin si te n' dors point ch' qu'à d'main"
Te m' fras du chagrin si te n' dors point ch' qu'à d'main"
J'étais en CE1, seconde année du primaire locale.
Notre professeur(e), madame sévère, nous convia à laisser notre patois au placard: "il faut parler comme à la ville, maintenant".
Terminé les wassingues, les kiens, les carettes, les cayelles, les carabistoules et l'gronde, on nous demande d'employer plutôt les mots serpillères, chiens, voitures, bêtises et visage.
Le ch'timi est un dialecte qu'il ne faut pas pérenniser selon cette enseignante.
C'est tout au plus le "langage des cul-terreux".
À l'époque, ces propos étaient monnaie courante. Ma meilleure amie, fille d'agriculteur, parlait (et parle toujours) un ch'timi très prononcé. Au secondaire, on l'appelait l'attardée ...
Si un "t'chio biloute" n'avait pas décidé d'en faire un film, ma région se serait tu.
Ma grand mère parle le ch'ti, ma mère le parle parfois, moi un peu, mon petit frère jamais ...
À force de mettre sur un piédestal le "français parisien", on a fini par croire à son règne et l'intégrer dans les chaumières.
Ma langue se meurt avec nos anciens, l'académie française aura eu sa peau. Cet engouement passager pour cette particularité régionale n'y fera rien.
Parfois, j'ai un peu de mal à comprendre l'enjeu de l'enseignement du français dit "standard" au sein des écoles québécoises.
Lors de mon stage, tous étaient formels: ce serait un blasphème que d'oser accepter un "tu veux-tu" en salle de classe.
Grave erreur grammaticale qui pourrait mener à la mort de la sacro-sainte langue française.
Pourtant, n'est-ce pas ça que l'on entend tous les jours dans la rue et qui définit la variété de cette langue ?
Nous avons passé un test oral il y a quelques mois. En cas d'échec, il faut suivre un atelier ($$). Un autre raté et c'est la porte. Voila comment une fille se retrouve remerciée à cause des ses "là là", "faque" ou de son "Canadô". Cette enseignante potentielle n'officiera pas au sein de la grande famille de l'éducation, son langage oral n'étant pas approprié.
Quant à moi, dans deux jours je reprends le chemin de la suppléance. Ma nature va vite revenir au galop et je vais encore avoir 25 regards étonnés devant mes consignes.
"Sortez votre gomme et vos classeurs de votre casier et mettez-les dans votre cartable".
Ce test oral, je l'ai passé haut la main. Pourtant des deux, je n'ai pas l'impression d'être celle étant la plus apte à intégrer les rangs de la commission scolaire.
La vocation première de vos écoles n'est-elle pas de diffuser la langue et la culture québécoise ?
Je tique un peu quand j'entends un "pur-souche" me dire que j'ai de la chance que ce soit le français de France qui sorte de ma bouche et en vanter ses mérites.
Je vous jure, parfois certains de mes collègues me donnent l'impression de souffrir d'un certain complexe d'infériorité. Ils me mettent sur un piédestal, me lancent des "vas-y parle, on pourrait t'écouter des heures, pourquoi je ne suis pas né en France moi ??".
À ceux-là je dirais: "Affirmez-vous, que diable! Votre français n'est pas moins riche ou dévalorisant qu'un autre. Votre particularité, gardez là, chérissez là et ne laissez personne vous faire croire qu'elle ne vaut rien."
Sur ce, chers lecteurs, je vous souhaite la bonne année.
Quelle soit aussi belle et riche que toute cette diversité culturelle qui rend ce monde si attrayant.
La «langue» québécoise ne se réduit pas au langage employée par votre collègue. Vous avez l'avantage d'être «bilingue». L'autre était limitée à un seul niveau de langue.
RépondreSupprimerUn enseignant, comme modèle, doit rendre compte de certaines raélités du français. Les Vigneault, Leclerc et Pellerin maitrisaient et maitrisent les normes du français comparativement à certains qui revendiquent notre culture.